Le cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche et ses actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, sont repartis avec la Palme d’or pour leur film La Vie d’Adèle – Chapitre 1 et 2. C’est la première fois que la récompense suprême du Festival de Cannes est décernée à un tel ensemble.
La Vie d’Adèle – Chapitre 1 et 2, réalisé par le cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, a décroché la Palme d’or de la 66ème édition du Festival de Cannes. Le jury, présidé par le réalisateur américain Steven Spielberg, a décerné le prix au trio d’artistes. « Cela m’a ému, a déclaré le cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui a dédié son prix à « la belle jeunesse française » et aux jeunes Tunisiens qui ont vécu la révolution. Ce qu’on réussit d’un film, on le réussit ensemble. Si on rate un film, on le rate ensemble. C’est une sorte de fusion entre nous, d’autres personnes qui ont sué pour nous porter : des techniciens, des acteurs qui nous donnaient la réplique. C’est un vrai film d’équipe. C’est tout ce à quoi j’aspire ». Même émotion chez Adèle Exarchopoulos. « C’était un plaisir que Steven Spielberg nomme nos trois noms. C’est un travail qu’on a tous fait avec le cœur. Tout le monde est important. Tout le monde apporte une pierre à l’édifice ». « C’est un film qu’on a fait en famille, a renchéri Léa Seydoux. C’est génial. Et puis on a tellement donné sur ce film… ».
Pour Steven Spielberg, « il était évident d’inclure les deux actrices parce qu’il y avait une synergie entre les personnages d’Adèle et d’Emma. Nous avons pensé que c’est quelque chose qui n’aurait pas pu être dans ce film si le casting avait été légèrement erroné».
La Palme d’or récompense « une très belle histoire d’amour » et une « synergie»
Le jury du festival de Cannes a récompensé « une très belle histoire d’amour » en offrant la Palme d’or à La Vie d’Adèle. Mais aussi un émouvant road-movie en noir et blanc sur la filiation en décernant le Prix d’interprétation masculine à l’acteur américain de 76 ans, Bruce Dern, qui incarne le héros de Nebraska d’Alexander Payne. La France part avec un autre prix, celui de l’interprétation féminine qui est revenu à Bérénice Bejo pour son rôle dans Le Passé d’Asghar Farhadi. Le Chinois Zhangke Jian a reçu, quant à lui, le prix du scénario pour avoir porté à l’écran dans Tian Zhu Ding (A touch of Sin) quatre faits divers qui se sont produits dans son pays. Une fresque qui évoque dans un plan de quelques secondes l’immigration africaine en Chine.
Le Prix du Jury a distingué l’œuvre du Japonais Hirokazu Kore-Eda, Soshite Chichi Ni Naru (Tel père, tel fils), un long métrage sur le thème de la paternité. Le mexicain Amat Escalante a, lui, décroché le Prix de la mise en scène pour Heli. Le film raconte comment une famille mexicaine se retrouve dans le collimateur de trafiquants de drogue. Enfin, Ethan et Joen Coen s’octroient le Grand Prix pour leur biopic sur un musicien de folk, Inside Llewyn Davis.
« Le palmarès est le résultat de l’effort subjectif de neuf personnes qui ont une décision à prendre », a souligné le réalisateur roumain Cristian Mungiu, membre de jury. « Nous avons remis des prix au cinéma, pas des prix politiques », a-t-il également répondu aux journalistes qui s’interrogeaient sur le choix de ce film au moment où que le mariage pour tous divise la France. Plus tôt, Steven Spielberg notait qu’il n’était d’ailleurs pas question de mariage pour les personnages principaux de La Vie d’Adèle – Chapitre 1 et 2. Les spectateurs français découvriront le film le 9 octobre prochain.