Clips, concerts, théâtre ou encore films africains, on peut tout trouver ou presque en cassettes vidéo à Paris. Congo, Sénégal, Mali, Guinée, Bénin, Côte d’Ivoire, les différentes productions sont essentiellement en langues locales. En tête des ventes : la partie musique et les artistes kinois tiennent le haut du pavé. Tandis que le Mapouka ivoirien est classé X.
Qui n’est jamais rentré dans un magasin de cassettes vidéo africaines à Paris ne peut pas réellement se rendre compte de la richesse et de la diversité des productions proposées. Entre musique, théâtre et films, les cassettes, essentiellement en langues vernaculaires, permettent de retrouver ici un petit bout de là-bas. Poids lourd des ventes : la musique. Un domaine où les artistes kinois règnent en maîtres.
Les cassettes viennent des deux Congo, du Sénégal, de la Guinée, du Mali, du Bénin. » Neuf cassettes sur dix sont en dialectes africains « , précise Adja, l’une des vendeuses du magasin Sonima Music à Paris. » Nous sommes même parfois obligés d’ouvrir les cassettes et de les passer aux clients pour voir s’ils en comprennent la langue « . Seul un pays, la Côte d’Ivoire, se démarque des autres par le fait que toutes les productions sont réalisées en français.
Les femmes plébiscitent le théâtre
» Ce sont surtout les femmes qui s’intéressent au théâtre « , explique Christelle, vendeuse. » Il faut préciser que les Africains n’ont pas la même notion du mot théâtre que nous. Ici, on imagine une scène, un public, alors que le théâtre désigne plutôt là-bas ce que nous appelons nous, feuilletons ou téléfilms. Un peu comme l’équivalent des Feux de l’Amour « . La plus populaire des troupes de théâtre, le groupe Salongo, est congolaise (RDC). Uniquement en lingala, ses cassettes, riches de plusieurs épisodes, se vendent comme des petits pains.
Au détour d’un présentoir, vous pourrez également trouver toute une série de cassettes religieuses, principalement en kinois ou en camerounais. Avec un peu de chance, vous tomberez peut-être même sur les prêches vidéo du Frère Patrice, le propre frère de Werrason, l’un des ténors de la musique congolaise.
La musique pour la danse
» On achète les cassettes de clips et de concerts essentiellement pour les danses. On n’achète pas tant le concert pour la musique que pour les démonstrations (de danse, ndlr) qu’on y trouve. C’est mieux que dans les clips parce qu’il n’y a pas de découpage. On peut mieux apprécier les phases « , analyse Gaultier, 22 ans, un client assidu des vidéos musicales.
Si la majeure partie des ventes musicales est le seul fait des grosses stars kinoises – les indéboulonnables Koffi, Papa Wemba, Werrason ou autre JB Mpiana – les fans dépassent largement le cadre de l’Afrique centrale. » Nous avons des clients de partout. Des Blancs européens. On a même des Américains et des Canadiens. Et vous verriez les Allemands ! Ils dansent même mieux que nous la musique africaine « , confie Christelle.
Le mapouka classé X
A parler de musique et de danse africaines, quid du célèbre et incontournable mapouka ivoirien ? » Classé X « , répond Adja. » Le mapouka est à la base une danse traditionnelle qui a été déformée en danse érotique. Maintenant, c’est carrément du porno « , se désole-t-elle en nous montrant une jaquette des plus suggestives. Interdite au moins de 18 ans. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais il est vrai que l’on peine à distinguer les jaquettes des vidéos de danse des chaudes nuits d’Abidjan de celles de films ordinairement classés » hards ».