Plus de cinq tonnes de viande de brousse entreraient illégalement en Europe par an via l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle, en France, révèle une étude publiée jeudi par les Conservation Letters. Ce commerce d’espèces souvent protégées rapporte gros.
Une petite part de singe ? De crocodile ? A moins que vous ne préfériez le pangolin ? Ces animaux de brousse, terme utilisé pour désigner le gibier qui vit dans la forêt, sont aisément trouvables en France, où le trafic de viande sauvage est monnaie courante. Plus de 270 tonnes de viande exotique entreraient illégalement sur le territoire européen par an, via l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle, révèle une enquête parue jeudi dans les Conservation Letters. Des chercheurs de la Société zoologique de Londres, de l’Ecole Nationale vétérinaire et du Musée d’histoire naturelle de Toulouse ont déniché onze espèces de viande sauvage dans les bagages des voyageurs, en 17 jours d’étude.
Bonne prise pour les chercheurs : dans les valises de 134 passagers venant d’Afrique par 29 vols différents, rien moins que 188 kg de viande de brousse. L’un des passagers en transportait 51kg à lui seul. D’après les résultats de l’étude, sur une année, 270 tonnes de viande de brousse transiteraient par l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle.
Un commerce lucratif
A 5 euros les 4 kg de singe au Cameroun contre 100 euros en France, ce commerce rapporte gros. Mais plus d’un tiers de la viande confisquée lors de l’étude est théoriquement protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction. Cette viande est de plus « potentiellement infectée [ndlr : par le HIV notamment] et pose un risque important en terme de santé publique », alarme le Dr Anne-Lise Chaber, l’un des auteurs du rapport.
Le butin trouvé par les scientifiques provenait essentiellement de République Centrafricaine, du Cameroun et de République Démocratique du Congo. La viande est souvent commandée à l’avance et apportée directement à l’acheteur.
Une telle étude n’avait jamais été réalisée et permet de comprendre l’ampleur du phénomène. Pour y faire face, les chercheurs suggèrent d’augmenter les primes aujourd’hui très modestes des douaniers qui trouvent de la viande dans les bagages des voyageurs, et d’accroître les sanctions pour les trafiquants. Mais les autorités ne semblent pas prêtes à sonner l’hallali de ce trafic jugé moins important que d’autres.