L’histoire de la vanille est à l’origine associée a celle du chocolat et, comme lui, elle a traversé l’Atlantique, partant de l’Amérique du Sud pour trouver en Afrique une terre adaptée à sa culture. C’est en particulier à Madagascar que se trouvent certaines des meilleures vanilles du monde.
A l’origine, la vanille a été utilisée en Amérique du Sud, notamment semble-t-il pour sucrer le chocolat au goût trop amer. On la retrouve citée dans des chroniques Aztèques au début du 15e siècle, mais elle était sans doute déjà utilisée depuis de nombreuses années. Elle s’appelait « tlilxot chitl », ce qui signifie la « gousse noire » et c’est une plante de la famille des orchidées. Les Aztèques l’importaient en provenance des Totonaques, une peuplade occupant les régions côtières du golfe du Mexique. Elle sera ramenée en Europe par les colons espagnols et connaitra un grand succès, en particulier à la cour du roi de France Louis XIV qui va, le premier, essayer de développer sa culture sur l’Ile Bourbon, l’actuel Réunion, mais le Mexique va conserver le monopole de sa production jusqu’au milieu du 19e siècle car la fécondation du fruit est liée à des abeilles indigènes.
C’est un jeune esclave de 12 ans du nom d’Edmond Albius, qui va inventer le processus de pollinisation (La fleur est tenue délicatement d’une main, un doigt servant de point d’appui sous la colonne, la partie centrale de la fleur. Avec un instrument pointu mais non tranchant, une épine par exemple, on déchire le capuchon qui protège les organes sexuels mâles. Avec ce même instrument, on redresse alors la languette (le rostellum) qui sépare les organes femelles de la partie mâle et l’on rapproche avec les doigts l’étamine porteuse du pollen vers le stigmate ainsi dégagé en exerçant une petite pression pour assurer un bon contact : source wikipedia) qui fonctionne encore aujourd’hui, faisant ainsi de l’Ile Bourbon au XIXe un grand lieu de la production de vanille qui connaitra aussi, pendant une courte période, une forte expansion en Guadeloupe et Martinique. A la même période la vanille est aussi introduite à Madagascar dont les forêts tropicales humides de la côte nord-est se révèlent un terrain particulièrement bien adapté et, dès le début du 20 siècle, la Grande Ile devient le premier producteur mondial de vanille, un rang qu’elle tient toujours aujourd’hui, en rivalité avec l’Indonésie.
Associer le goût et le développement
A Madagascar, dans les produits d’exception, on trouve la vanille Mananara dont la production est relancée par la Fondation Slow Food (Slow Food a pour but de développer un modèle agricole moins intensif, capable de préserver et d’augmenter la biodiversité et d’offrir ainsi des perspectives aux régions et aux producteurs les plus pauvres, en Europe comme dans le reste du monde). La Vanilla planifona est une vigne dont les tiges sont vertes et épaisses, les feuilles ont l’apparence du cuir et les longues cosses sont vertes claires, inodores et pleines de graines. Mais, une fois traitées et transformées elles offrent un parfum intense et voluptueux. Cette vanille extraordinaire provient de la réserve de Mananara, biosphère extrême et désespérément pauvre de Madagascar, où les fermiers cultivent à l’orée de la forêt tropicale.
Bien que la vanille soit l’une des épices les plus chères du monde, les fermiers, premiers maillons de la chaîne, ne reçoivent qu’une très faible part des bénéfices. C’est pour cela que la Fondation Slow Food les a regroupés en coopérative afin qu’ils puissent récupérer un proportion plus importante du prix de vente du produit. Une démarche d’autant plus nécessaire que la Chine s’est lancée depuis une quinzaine d’années dans la production de vanille à grande échelle. Une situation qui à moyen terme pourrait changer le marché.
Voir la recette malgache du poulet à la vanille
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