Quelques semaines à peine après l’arrestation des auteurs du site Tunezine, « Réveil tunisien » prend la relève. Information, critiques et libre pensée : l’interface fait figure d’exception dans le Web tunisien.
Difficile de dormir sous la dictature. Mais le réveil est silencieux. Sans grand bruit, simplement avec des mots, la Tunisie crie. « Des agents en civil descendent en traînant un jeune homme en slip, le visage ensanglanté. Le dénudement est l’acte inaugural du supplice tunisien. Il notifie à la victime qu’elle est désormais la propriété de ses tortionnaires » : voilà ce qu’on écrit sur le site du Réveil Tunisien. Pour ça, et pour tout le reste, dépêchez-vous de vous connecter avant que l’ « on » n’impose le silence aux auteurs de cette page Web.
Liberté sur toutes les pages
Quitte à prendre des risques, ils ne font pas la chose à moitié. Les rubriques imposent le style : « Agora – pensez librement », « Délivres » pour la culture ou encore « La Tunisie, vivre sous la dictature ». Témoignage permanent des humiliations, crevant le silence, le site fait la lumière sur tout ce qui est tu, tout ce qui est nié, ordinairement voilé par une presse mensongère et par les images faussement idylliques destinées au vacanciers. Alors même que le webmestre de Tunezine panse les plaies de ses tortures, une équipe ose prendre la relève. On a beau la couper sans cesse, la mauvaise herbe de la liberté refleurit toujours.
Riche et clair. La qualité ne fait pas défaut au Réveil Tunisien. Des brèves, de l’information à foison, des critiques qui abordent tous les sujets – de l’antisémitisme à la liberté sur Internet en passant par la politique américaine vis-à-vis du Maghreb -, le site vaut vraiment le coup. Une bouffée d’oxygène et de savoir sous la chape de plomb du pouvoir. Et un modèle à suivre, pour tous ceux qui vivent sous un régime autoritaire. Les webmestres font preuve d’humilité : « Ce site est en période de tests, n’hésitez pas à nous rapporter les anomalies que vous rencontrerez dans la navigation », préviennent-ils sur toutes les pages. Personnellement, nous n’avons trouvé aucune anomalie à leur signaler… à part peut-être qu’il faille en arriver à prendre de tels risques pour s’exprimer.