Le nouveau gouvernement tunisien, formé le vendredi 8 mars, a été officiellement investi mercredi par l’Assemblée nationale constituante, à l’issue d’une séance diffusée à la télévision publique. Plus d’un mois après l’assassinat de Chokri Belaïd, la Tunisie sort ainsi de l’impasse politique.
La Tunisie a son gouvernement d’union. Plus d’un mois après l’assassinat de Chokri Belaïd, figure emblématique de l’opposition tunisienne, l’Assemblée nationale constituante a investi mercredi le nouveau gouvernement de Ali Larayedh, formé le vendredi 8 mars.
« Le cabinet, formé par une coalition regroupant islamistes d’Ennahda, deux partis laïcs et des indépendants, a obtenu le soutien de 139 députés, soit trente voix de plus que la majorité absolue nécessaire à l’entrée en fonction du gouvernement », rapporte LePoint.fr.
Lors de la séance parlementaire diffusée mercredi sur la télévision publique, le nouveau Premier ministre investi a annoncé les priorités de son mandat : « Réussir l’organisation d’élections dans les plus brefs délais », « instaurer la sécurité » et « continuer de relever l’économie, l’emploi et lutter contre la hausse des prix », indique Ouest-France.fr.
Un gouvernement d’union
Après plusieurs semaines de tractations, un compromis a été trouvé jeudi 7 mars sur la composition du nouveau gouvernement. Pour apaiser les tensions qui ont éclaté à la suite de l’assassinat de Chokri Belaïd, le président tunisien Moncef Marzouki avait chargé Ali Larayedh de mettre en place une équipe ministérielle rassemblant les principaux partis du pays.
Les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice sont alors confiés à des technocrates et indépendants. Ce consensus politique donne ainsi raison à Hamadi Jebali, l’ancien Premier ministre qui a démissionné en partie parce que le parti islamiste au pouvoir Ennahda refusait de partager le pouvoir avec l’opposition. Avant de lâcher du lest.
Climat tendu
L’investiture du premier gouvernement Larayedh sort la Tunisie d’une impasse politique qui dure depuis plus d’un mois. Le climat reste, cependant, très tendu dans le pays.
La mort, mercredi, du jeune vendeur à la sauvette qui s’est immolé sur l’avenue Bourguiba, reflète l’atmosphère sociale délétère qui règne en Tunisie. Par ailleurs, les assassins de Chokri Belaïd, tué par trois balles à bout portant le 6 février en bas de son domicile, n’ont toujours pas été identifiés.
A en croire les spécialistes, la nouvelle équipe ministérielle n’est pas à même d’améliorer la situation. « C’est un gouvernement de gestion qui travaillera au jour le jour. Il ne faut pas s’attendre à des grandes réformes socio-économiques. Avec l’assassinat de Chokri Belaïd, la Tunisie risquait de tomber dans le chaos. D’où ce compromis ministériel pour maitriser la situation », confie à Afrik.com Vincent Geisser, Chercheur à l’Institut français du Proche Orient (Ifpo Beyrouth).
Fort de l’adhésion confortable de l’Assemblée nationale constituante, le premier gouvernement Larayedh devra faire ses preuves. Au risque d’aggraver davantage le climat social tendu dont fait face la Tunisie.