Victime d’une allergie grave suite à l’absorption d’un médicament de la rue, Mamouda Mfouapon a subi des dommages corporels importants. Le cas de cet élève de 17 ans du lycée bilingue de Malantouen rappelle une nouvelle fois le danger de « la médecine du trottoir ».
Visage défiguré, œil en lambeau, installé dans le salon de son oncle au quartier Plateaux à Bafoussam, Mamouda Mfouapon vient de sortir de l’hôpital d’Acha de Bafoussam. Il y était interné depuis un mois. Le visage enfoui dans la paume de sa main, il médite sur son sort. L’iris de son œil gauche a laissé place à une couche verdâtre qui lui barre la vue.
Des médicaments falsifiés achetés dans la rue
Après quelques moments d’hésitation, il se décide enfin à raconter son histoire. Pendant une dizaine de secondes, il a du mal à prononcer le moindre mot. Soudain, il se met à énoncer des phrases dont l’audition est à peine perceptible. Un proche parent assis tout prêt de lui écrase une larme. Malgré la douleur perceptible qui provient de ses nombreuses brûlures, le jeune Mamouda s’efforce tout de même de s’exprimer. « C’était le vendredi 24 octobre, j’étais chez moi à Malatouen, j’ai senti un mal de gorge persistant , j’ai décidé d’en parler à « un médecin du quartier » , il m’a conseillé d’acheter de la pénicilline, de l’aspirine et de l’ibuprofène, ce que j’ai d’ailleurs fait chez les vendeurs de médicaments… »
« Puis je les ai consommés. Quelques heures après, mon corps a commencé à changer, les boutons ont commencé à se former. Un jour après, mon frère m’a transporté au village à Maren où se trouvent les parents. Quelques jours après, j’ai été transporté au centre médical de Malantouen où ma situation s’est complètement détériorée » raconte-t-il. Sur son torse, de nombreuses cicatrices sont visibles.
A l’hôpital central de Malantouen, où il a séjourné pendant 4 semaines, son histoire est devenue une véritable curiosité. «Les gens venaient de partout afin de se rendre compte d’eux-mêmes de ce qui se racontait. Tous les élèves du lycée bilingue sont venus ici à l’hôpital le voir», nous revèle Sadehtou sa camarade de classe. A Bafoussam, « le corps médical s’est mobilisé dans son ensemble pour étudier son cas, et il est suivi par plusieurs medecins » confie sa tante. Absent ce jour, son père Nji Issiaka, gardien de prison à la retraite, est parti très tôt ce matin chercher de l’argent au village afin de poursuivre les soins et de payer les autres ordonnances, apprend-on. «Après avoir subi trois opérations chirurgicales de son œil droit, Mamadou devrait en subir une quatrième afin d’espérer retrouver la vue. Par la suite, afin de retrouver une peau normale, il devra subir des soins dermatologiques pour un coût total d’un million de Fcfa », nous confie un proche visiblement déprimé, à son chevet depuis son arrivée à Bafoussam.
Une solidarité tout azimut
Depuis le début de la maladie du jeune lycéen, les responsables de son établissement se sont mobilisés pour lui apporter un soutien matériel et moral. Une quête initiée par le proviseur a permis de récolter la somme de 6o.ooo FCFA. Face à l’aggravation de son cas, un appel à l’aide a été lancé à travers les medias afin de lui porter secours. Une collecte de fonds qui a d’ailleurs permis à certaines âmes de bonne volonté de lui apporter leur soutien. Une aide toujours insuffisante, nous a confié le père du malade, joint au téléphone. Dans son entourage, des voix s’interrogent sur le cas du jeune homme que d’aucuns appellent «maladie de la sorcellerie »… Une sorcellerie que les médecins qualifient plutôt de cas d’allergie grave à l’un des composants des faux médicaments qu’il a avalés.
Dans sa souffrance, le jeune lycéen de 17 ans ne cesse d’implorer le secours du Tout puissant, au cours de ses cinq séances de prières quotidiennes qu’il tient à respecter malgré son état… Pour mettre toutes les chances de guérison de son côté.