L’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a accusé samedi le parti au pouvoir au Zimbabwe, la ZANU-PF, d’avoir créé un réseau de centres de détention pour soumettre les militants de l’opposition, tout comme de simples citoyens, à des passages à tabac, des actes de torture et des intimidations.
Dans un communiqué publié, à Lusaka, la capitale de la Zambie, Human Rights Watch citent des témoignages selon lesquels des centres de détention se trouvent dans les circonscriptions où l’opposition a remporté les élections présidentielle et législatives du 29 mars, notamment celles de Mutoko Nord, Mutoko Sud, Mudzi et Bikita Ouest.
«La torture et la violence se développent au Zimbabwe», a déploré la directrice Afrique de Human Rights Watch, Mme Georgette Gagnon.
Pendant la journée, la ZANU-PF et ses alliés, les soi-disant «Anciens combattants», les milices de jeunes et quelques hommes en uniforme militaire, se rencontrent dans ces camps pour identifier leurs cibles qui sont généralement des militants et sympathisants du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le principal parti de l’opposition, indique le communiqué de Human Rigth Watch.
Selon des témoins, les personnes ciblées sont ensuite regroupées et conduites dans les camps la nuit pour y être battues pendant des heures avec de lourds bâtons et des matraques.
Human Rights Watch affirme qu’elle a interrogé plus de 30 personnes victimes de graves blessures, notamment de fractures aux membres, du fait de ces exactions. Plusieurs personnes ont déclaré à Human Rights Watch qu’elles avaient été détenues dans ces camps, parfois pendant trois jours, et interrogés au sujet des leaders du MDC, des financements de ce parti et de l’identité de ses militants.
Un témoin a affirmé qu’à Mutoko Sud, il avait visité plusieurs «camps de torture», notamment ceux de Lucky Dip, Rukada et Jani, affirmant qu’il avait vu «une femme qui ne pouvait pas marcher tellement elle avait été battue». Selon Human Rights Watch, ces camps ne peuvent pas fonctionner sans la complicité des hauts responsables des forces de sécurité et du gouvernement.
«Si la ZANU-PF impose l’annulation de l’élection parlementaire et du second tour de la présidentielle, les organismes du gouvernement, les forces de sécurité et le système judiciaire perdront toute crédibilité et seront, par conséquent, disqualifiés pour garantir une sortie de l’impasse politique actuelle dans des conditions équitables et légales», souligne Human Rights Watch.
L’organisation estime que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et son médiateur, le président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, n’ont pas fait beaucoup d’efforts pour mettre un terme aux abus commis par la ZANU- PF.
«La SADC et le président Mbeki ont trahi les Zimbabwéens et permettent à la ZANU-PF de se livrer à d’horribles exactions», a déclaré la directrice Afrique de Human Rights Watch, Mme Georgette Gagnon, appelant à l’intervention «immédiate» de l’Union africaine (UA).
«L’Union africaine doit assumer sa responsabilité de protéger les civils de la violence en hausse et de mettre un terme à l’impasse politique avant que le Zimbabwe ne s’enfonce davantage dans le désastre», a-t-elle ajouté.