La guerre, de quelque côté qu’on se place, c’est toujours le sang, les orphelins, les mères qui pleurent, l’égarement des yeux perdus dans un lointain qu’une balle vient de trancher, un univers qui vient de s’éteindre avec les yeux clos d’un blessé.
L’absurdité de la guerre, elle est partout sur notre continent africain, en Côte d’Ivoire ou au Congo… Et il ne se passe pas une semaine sans que sur un front ou un autre l’écho des prouesses guerrières endeuille un village, une ville, ou une région.
Mais jamais depuis plusieurs décennies le monde n’avait assisté à un affrontement aussi terrible que celui qui oppose aujourd’hui une coalition anglo-américaine déployant les armes les plus sophistiquées à une population arabe affamée par dix ans de privations imposées par un embargo international.
La disproportion des forces, le caractère fondamentalement injuste de l’affrontement, la pluie de bombes qui s’abat sur les villes, tout cela transforme insidieusement le dictateur Saddam Hussein en martyr de la liberté de l’Irak… Le renversement du juste et de l’injuste, c’est le renversement des valeurs. Comment défendre les principes exemplaires qui guident l’action américaine quand ils se traduisent ainsi par le sang versé des innocents et l’assujettissement d’un peuple ?
Comment croire enfin que l’occupation qui suivra pourra être pacifique et paisible, dès lors que tellement d’amertume et de haine se seront accumulées de part et d’autre ? Soudain, l’offensive anglo-américaine paraît avoir des relents de conquête coloniale… On croyait, à l’aube du troisième millénaire, que la mondialisation nous mettait à l’abri de nouvelles tentations de ce type. On croyait… Mais l’histoire est un incessant recommencement. De sang, d’injustice, de vengeance. Et revoilà la terre gorgée de sang, qui réclame encore son sacrifice rituel. Cela n’aura-t-il jamais de fin ?