La tension monte entre la France et le Burkina Faso


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Ibrahim Traoré, président de la Transition du Burkina Faso
Ibrahim Traoré, président de la Transition du Burkina Faso

Le 18 avril 2024, le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso a déclaré trois diplomates français, dont deux conseillers politiques, « persona non grata », les accusant d' »activités subversives ». Cette expulsion, qui leur donne 48 heures pour quitter le pays, survient dans un climat de tensions croissantes entre la France et le Burkina Faso suite au coup d’État militaire du 30 septembre 2022 qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré.

Trois diplomates français expulsés du Burkina Faso pour « activités subversives ». L’annonce est tombée mais le ministère burkinabè des Affaires étrangères n’a pas fourni de détails spécifiques sur les activités incriminées. Il s’est contenté de mentionner qu’elles étaient « incompatibles avec leur statut diplomatique ». En réaction, la France a qualifié ces accusations d' »infondées » et a exprimé qu’elle « envisageait toutes les options » en guise de réponse, tout en appelant à une « désescalade » et au « dialogue ».

Cette mesure s’inscrit dans une série d’actions récentes par lesquelles la junte cherche à réduire l’influence française au Burkina Faso, incluant la suspension des diffusions des chaînes France 24 et TV5 Monde et de la radio RFI.

Historique des relations franco-burkinabè

Les relations entre la France et le Burkina Faso, anciennement la Haute-Volta, sont ancrées dans une histoire coloniale complexe. Depuis l’indépendance du Burkina Faso en 1960, les liens bilatéraux ont souvent été marqués par une coopération étroite mais également par des périodes de tension.

Sous la présidence de Thomas Sankara dans les années 1980, le Burkina Faso a adopté une posture plus critique envers la France et sa politique africaine. Les relations se sont temporairement apaisées, mais les récents changements politiques au Burkina Faso et les mouvements anti-français mettent de nouveau ces relations sous tension. La forte présence russe dans la région, avec un soutien militaire mais aussi la mise en place de campagne de désinformation sur les réseaux sociaux ne contribuent pas à l’apaisement, bien au contraire.

La France dans la région du Sahel

Plus globalement, la situation au Sahel s’est largement complexifiée. La région est déstabilisée par des conflits armés, le terrorisme et des crises humanitaires sévères. La présence militaire française, initialement vue comme un soutien, est désormais perçue comme néocoloniale par une partie des populations locales. Cette perception a conduit à une hostilité croissante envers la France, exacerbée par des initiatives de la junte burkinabè visant à affirmer sa souveraineté en limitant l’influence occidentale.

L’expulsion des diplomates français prend place dans ce cadre de tension et de communication du gouvernement burkinabé qui cherche à donner des signes à sa population. Ce qui risque de compliquer davantage la situation. En effet, cela pourrait notamment participer à réduire encore plus la capacité des deux nations à collaborer efficacement sur des questions de sécurité et de développement. Ceci à un moment où le Burkina Faso a désespérément besoin de stabilité.

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