La réponse sèche servie par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, au chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, a déclenché une grosse colère en Algérie. Une profonde crise diplomatique entre les deux pays n’est pas exclue.
Tout porte à croire que l’Algérie et l’Espagne vont droit vers une crise diplomatique après les récents évènements nés de la reconnaissance par le royaume ibérique de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Une reconnaissance actée en mi-mars par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et qui n’a pas été du goût du président de la République d’Algérie, Abdelmadjid Tebboune.
Dans une interview accordée samedi à la presse algérienne, le dirigeant a condamné la décision de Pedro Sanchez d’avoir conclu des accords avec Rabat incluant le Sahara. «Nous avons de très solides liens avec l’État espagnol, mais le chef du gouvernement a tout cassé», a fustigé Tebboune, qui tempère tout de même, insistant ne pas envisager rompre la fourniture de gaz algérien à l’Espagne. Une sortie sur laquelle le chef de la diplomatie espagnole est revenue, en ne mettant pas de gants.
Lors de son passage sur la radio Onda Cero, lundi 25 avril, José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union Européenne et de la Coopération, a sèchement asséné : «Je ne vais pas alimenter des polémiques stériles mais l’Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n’y a rien d’autre à ajouter». Une réponse qui a déclenché la colère des autorités algériennes.
Amar Belani, Envoyé spécial chargé du Sahara Occidental et des pays du Maghreb, estime que «les propos désobligeants tenus par le ministre Albares en réaction à la déclaration du président de la République Abdelmadjid Tebboune, sont lamentables et totalement inacceptables». Mieux, met en garde le diplomate algérien, ces propos «ne contribueront certainement pas à un retour rapide à la normale dans les relations bilatérales et le ministre espagnol devra en assumer les conséquences».
A noter que suite à la conclusion d’accords entre le Maroc et l‘Espagne, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Madrid, Saïd Moussi, pour consultations. Outre cet acte fort, Alger n’a cessé d’attirer l’attention des autorités espagnoles sur le caractère «réversible» de Mohammed VI, qui ne manquera pas de revenir sur ses engagements. Le royaume chérifien s’était engagé à respecter l’intégrité territoriale de l’Espagne. Alger mettant en garde que Rabat ne renoncera jamais à annexer Ceuta et Melilla.
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