3 000 Somali Bantous réfugiés dans le nord-est de la Tanzanie vont être autorisés à s’installer définitivement sur les lieux et à acquérir la nationalité tanzanienne, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur du pays. Un espoir immense de garder ses racines en Afrique pour cette communauté persécutée, au moment où 12 000 Somali Bantous vont être réinstallés aux Etats-Unis.
» Les réfugiés Somali Bantous pourront faire leur demande de nationalité et se verront offrir un hectare par personne à Chogo, d’où l’on pense que leurs ancêtres étaient originaires il y a 300 ans « , a déclaré à la BBC le ministre de l’Intérieur tanzanien John Chiligati. Si l’information se confirme, elle représente un immense espoir de conserver leurs racines en Afrique pour les milliers de Somali Bantous persécutés et dispersés entre le Kenya, le Mozambique ou la Tanzanie. En effet, 12 000 d’entre eux, actuellement dans le camp de Kakuma, au nord-ouest du Kenya, attendent d’être réinstallés aux quatre coins des Etats-Unis. 74 d’entre eux ont déjà quitté l’Afrique pour le continent américain en mars dernier.
Une solution ultime pour ces descendants de peuplades arrachées à leurs terres au Malawi, au Mozambique et en Tanzanie, à la fin du 18ème siècle, pour être revendues en Somalie. Même après l’abolition de l’esclavage, au début du 20ème siècle, les Somali Bantous continuent d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. En 1991, lorsqu’éclate la guerre civile en Somalie, ils deviennent la cible de milices hostiles et environ 16 000 d’entre eux fuient vers le camp de Dadaab, au nord du Kenya, aux côtés de 130 000 autres Somaliens. Mais » même dans ce camp, les Bantous ont été l’objet de multiples persécutions « , avait expliqué la porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) pour la question Somali Bantou, Milicent Mutuli, à Afrik lors d’un précédent article. Commence alors pour eux une longue errance de camps en camps. En 1993, on promet le Mozambique aux 16 000 Somali Bantous. Ce sera finalement les Etats-Unis.
De Mkuyu à Chogo
Les 3 000 Somali Bantous à qui le ministre de l’Intérieur a promis la citoyenneté tanzanienne avaient fini par atterrir dans le camp de Mkuyu, au nord de la Tanzanie, après avoir fui la guerre civile somalienne. Le 13 mars dernier, l’UNHCR a procédé à leur transfert de ce camp à celui de Chogo, 80 kilomètres plus au nord, où il a investi environ 2 millions de dollars dans la construction d’infrastructures destinées à améliorer leur conditions de vie : centre de santé, écoles, magasins, aires de jeux et poste de police. Le 13 mars, les Somali Bantous étaient encore officiellement présents à Chogo de façon » temporaire « , avait expliqué à Afrik le porte-parole de l’UNHCR en Tanzanie.
Le ministre de l’Intérieur, qui explique le geste de son gouvernement par l’origine présumée des Somali Bantous, ajoute que ces derniers » parlent couramment le kizigua et respectent les mêmes traditions » que le groupe ethnique des Wazigua, qui vit au nord de la Tanzanie, dans la région de Tanga. Ce que confirme la porte-parole de l’UNHCR : » Les rapports entre les deux communautés sont très bons car ils ont les mêmes origines. Les Somali Bantous sont très bien acceptés, ils sont étroitement liés aux Wasigua « .
Reste que 5 à 6 000 Somali Bantous occupent toujours le camp de Kakuma, au Kenya. Ils ne seront pas du voyage aux Etats-Unis, se refusent à retourner en Somalie et le Kenya ne veut pas les accueuillir. » Le gouvernement actuel n’est pas prêt à les intégrer mais sait-on jamais, peut-être le prochain gouvernement sera-t-il prêt à faire plus pour eux ? « , espère Milicent Mutuli. De même que le Mozambique, qui s’était rétracté après avoir accepté d’intégrer 13 000 Somali Bantous, pourra peut-être un jour autoriser un certain nombre d’entre eux à regagner la terre de leurs ancêtres.
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