La SWAPO, parti dominant depuis l’indépendance de la Namibie en 1990, fait face à une remise en cause profonde à l’approche des élections du 27 novembre. La jeunesse mécontente, le chômage massif et une opposition de plus en plus présente risquent de remettre en question sa suprématie politique.
Depuis l’indépendance de la Namibie en 1990, la SWAPO règne sans partage sur le paysage politique, incarnant à la fois le mouvement de libération historique et le parti au pouvoir. Pourtant, à l’approche des élections de ce 27 novembre, un vent de changement souffle sur le pays. Entre une jeunesse désenchantée, des inégalités persistantes et une opposition de plus en plus audacieuse, la domination incontestée de la SWAPO pourrait vaciller. L’heure est-elle venue pour le parti hégémonique de céder sa place, ou parviendra-t-il à se maintenir malgré
Netumbo Nandi-Ndaitwah : une héritière contestée
Âgée de 72 ans, Netumbo Nandi-Ndaitwah est un pilier du parti, cumulant des décennies d’expérience politique. Sa candidature pourrait faire d’elle la première femme présidente de Namibie, mais cela suffira-t-il à séduire un électorat majoritairement jeune et mécontent ?
Le chômage massif, particulièrement chez les moins de 30 ans, pèse lourd sur le moral des Namibiens. Avec 46 % de la tranche d’âge 15-34 ans sans emploi selon les dernières statistiques disponibles, beaucoup remettent en question la gestion des richesses naturelles du pays, telles que l’uranium et les diamants, bientôt rejoints par le pétrole et le gaz au large.
La montée de Panduleni Itula et de l’alternance
Face au candidat de la SWAPO, Panduleni Itula, ancien membre dissident du parti, gagne en popularité. En 2019, cet avocat de 67 ans avait réalisé près de 30 % des voix en tant qu’indépendant. Depuis, il a fondé le parti des Patriotes Indépendants (IPC), qui a réussi à s’emparer des deux principales villes du pays, Swakopmund et Walvis Bay, lors des municipales de 2020.
Pour beaucoup d’observateurs, l’éventualité d’un second tour est désormais crédible. Ce serait une première dans l’histoire politique du pays, signe d’un possible basculement démocratique.
Les jeunes, catalyseurs du changement
La jeunesse namibienne, souvent appelée génération « born free », car née après l’indépendance, ne se sent pas redevable envers la SWAPO. À leurs yeux, le parti au pouvoir n’a pas réussi à réduire les inégalités ou à offrir des opportunités équitables.
Dans un pays où la majorité des terres arables est encore aux mains d’une minorité blanche, la frustration grandiose. Les revendications d’un meilleur partage des ressources et d’une justice sociale plus équitable alimentent le désir de changement.
Une « contagion dégagiste » en Afrique australe ?
La Namibie pourrait suivre l’exemple de ses voisins d’Afrique australe, où les partis historiques peinent à conserver leur suprématie. La récente déroute du BDP au Botswana ou encore les difficultés de l’ANC en Afrique du Sud montrent que l’alternance est possible, même dans des bastions autrefois imprenables.
Cette « contagion dégagiste », selon certains analystes, pourrait inciter les électeurs namibiens à prendre leur destin en main. D’après Marisa Lourenço, analyste indépendante, une participation accumulée des jeunes pourrait faire pencher la balance en faveur de l’opposition.