La corruption prospère sur le continent africain peut-être beaucoup plus que partout ailleurs dans le monde. Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le continent perd plus de 50 milliards de dollars chaque année à cause de la corruption et les flux financiers illicites. Les rapports annuels de l’agence mondiale de notation de la corruption, Transparency International, montrent que l’Afrique est toujours en tête de la liste des pays les plus corrompus au monde.
Le chroniqueur populaire Bukola Ogunyemi, qui a co-présenté la 3ème Conférence régionale des Students For Liberty en Afrique de l’Est (Nairobi), définissait les subventions comme « des interventions malsaines des gouvernements dans le fonctionnement du marché libre qui créent des opportunités à la corruption ». L’existence de ces subventions finit par nuire à la masse plus que leur absence. Selon lui, les subventions, telles qu’elles sont conçues et implémentées dans les économies africaines, existent en raison de l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre des solutions novatrices aux problèmes de développement.
Une autre présentation, à la conférence de Nairobi, a porté sur le Nigeria et les escroqueries des subventions au carburant. Cette subvention a été introduite au Nigeria alors que le pays ne pouvait plus répondre aux demandes de pétrole raffiné et a dû commencer à importer. Initialement, le régime de subvention avait été instauré pour six mois, alors que l’objectif était de continuer à accroître la capacité de production totale de quatre raffineries du Nigeria. Cela n’a jamais eu lieu. Et comme le Nigeria grandissait, la demande en carburant augmentait ainsi que les prix des produits importés des raffineries européennes. Ainsi, il s’en est suivi un cycle qui a vu les gouvernements successifs distribuer des subventions de plus en plus élevées pour que le prix du carburant reste «abordable» pour les populations. Ceci a conduit à une perte de plus de 5 mille milliards de Naira, dont la plus grande partie est due à la corruption dans la chaîne de redistribution, sans pour autant résoudre le problème.
Les exemples abondent quant à la façon dont la corruption a prouvé être la sœur jumelle des subventions dans d’autres pays africains. Les escroqueries autour des subventions sont nombreuses : les engrais au Malawi, le pain en Egypte, l’agriculture en Tanzanie et dans plusieurs autres pays qui ont préféré une approche cosmétique sous forme de subventions plutôt que de créer un environnement propice au développement des entreprises et à la création de richesse.
Une autre forme de subvention plus silencieuse est le contrôle de change. Pendant 15 mois, le gouvernement nigérian a fixé le taux de change officiel du Naira à 197-199 pour 1 dollar, même lorsque le marché indiquait un taux différent. L’explication est que le gouvernement subventionnait le taux de change pour que l’économie apparaisse plus forte sur le papier. Mais, comme c’est le cas avec toutes les subventions, le régime a seulement favorisé les amis du pouvoir qui bénéficient déjà de toutes sortes d’allégements fiscaux et de privilèges. Pendant des mois, dans la vraie vie, le citoyen ordinaire a du faire les opérations de change sur le marché parallèle à un taux de 300-350 Naira par dollar.
Depuis 2016, le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes en faisant des réformes. Ainsi, avec la suppression des subventions au kérosène et à l’essence, et plus récemment celle du change avec le flottement du Naira, l’économie du Nigeria se lance progressivement sur un processus de rétablissement des marchés plus libres et plus compétitifs et une répartition plus équitable des richesses.
Les subventions existent certes dans d’autres économies hors Afrique, mais celles-ci sont orientées la plupart du temps vers la production, après avoir mis en place des systèmes et des institutions solides qui encadrent et limitent les abus. Ainsi, l’élimination brutale des subventions n’est peut-être pas la solution idoine à la corruption ancrée dans le système. Il serait surement plus judicieux de prévoir une élimination progressive des subventions à la consommation tout en stimulant l’économie grâce à des politiques qui aideraient le maximum de personnes à sortir de la pauvreté.
Il ne faut pas oublier que tous les index de la liberté économique (Fraser Institute, Heritage Fondation) montrent que la liberté économique est le terreau le plus favorable au recul de la pauvreté. Liberté économique et Etat de droit sont les réels piliers du recul des inégalités et de la création de richesse. C’est la voie qui, à n’en point douter, pourrait permettre aux différents pays d’Afrique d’entrer dans la mondialisation en en tirant tous les fruits et les opportunités.