La force d’une entreprise réside dans ses ressources humaines. C’est du moins la valeur que défend et affiche la Sonatrach. La société pétrolière algérienne va concentrer l’essentiel de ses investissements à la formation professionnelle. Au coeur du projet : une corporate university. Interview de Kamel Azira, directeur de la communication.
L’avenir est dans l’homme. La Sonatrach mise avant tout sur les ressources humaines pour développer la société. A l’occasion de la conférence « El Jazaïr de l’Energie » – qui s’est déroulée mercredi à Paris – Kamel Azira, directeur de la communication de la société pétrolière algérienne, explique la philosophie de l’entreprise dont l’essentiel des investissements sont tournés vers la formation.
Afrik : Quelles sont les causes exactes de l’explosion, le 19 janvier dernier, d’une partie du complexe de gaz naturel liquéfié de Skikda ?
Kamel Azira: Il y a une équipe d’experts internationaux qui travaille depuis une quinzaine de jours pour déterminer les causes exactes de l’accident. Nous aurons les résultats d’ici une semaine.
Afrik : Ce n’est pas le seul accident auquel la Sonatrach a été confrontée. Dans la presse algérienne, votre PDG Meziane Mohamed, déplorait le baisse de qualification[<*>cf notamment l’article d’El Watan « [Une commission interministérielle à pied d’œuvre ».]] du personnel due à la fuite des cerveaux depuis les années 90, pour expliquer en partie les problèmes de sécurité.
Kamel Azira: Il n’a jamais été question de baisse de qualification. La Sonatrach exerce son métier dans l’excellence, c’est la 11e compagnie au monde. Nous avons des procédures internationales et nous travaillons selon des standards internationaux. Nous avons une règle qui dit que chaque employé doit recevoir au moins une semaine de formation par an. Quelquesoit son âge, quelquesoit son niveau de qualification. Cela nous ramène à des volumes de 120 000 semaines de formation au niveau du groupe et 40 à 50 000 semaines pour la Sonatrach en tant qu’entreprise. Six pour cent de la masse salariale est consacré à la formation.
Afrik : Par rapport au défaut de qualification, votre Vice-président, M Hached, a pourtant bien expliqué que les ressources humaines constituaient une des priorités pour le groupe ?
Kamel Azira: Il s’agit avant tout de la recherche de l’excellence. Ce n’est pas parce que vous êtes bons que vous ne voulez pas devenir meilleurs.
Afrik : La Sonatrach est-elle victime de la fuite des cerveaux ?
Kamel Azira: Vous avez un turn over dans toutes les sociétés. Il est très faible à la Sonatrach. Parce que nous avons une politique salariale qui nous rapproche des grands groupes internationaux. Nous avons une politique sociale qui permet à toute personne qui travaille chez nous d’accéder à des services dont elle ne peut bénéficier ailleurs. Pour tout Algérien, c’est un rêve de travailler à la Sonatrach.
Afrik : Quels sont les grands axes de la politique de développement de la Sonatrach ?
Kamel Azira: Les ressources humaines sont la priorité des priorités. La formation va constituer le gros de nos investissements. Notre PDG, M Meziane, a une phrase pour symboliser cette approche : « Nos hommes d’abord, nos installations après ».
Afrik : Quels sont les grands projets de la Sonatrach en matière de formation ?
Kamel Azira: La création d’une corporate university en se basant sur l’Institut algérien du pétrole. Un établissement qui existe depuis des années et qui forme des ingénieurs et des techniciens. Cette université sera lancée en partenariat avec de grandes écoles internationales. Elle sera le nouveau laboratoire où les nouveaux cerveaux de l’entreprise vont se former. Elle aura également pour but de maintenir le niveau de compétence de notre personnel. Pour maintenir un esprit de veille. Celui-là même que nous développons en imposant, par exemple, une rotation de poste tous les cinq ans pour l’ensemble de nos cadres dirigeants.
Afrik : La privatisation de la Sonatrach est-elle d’actualité ?
Kamel Azira: La Sonatrach est une entreprise publique. Pour qu’il y ait privatisation, il faudrait qu’il y ait consensus, il faudrait une loi qui soit discutée et amendée par l’Assemblée populaire nationale. Pour l’instant il n’est pas question de privatiser la Sonatrach. C’est une volonté de l’Etat.
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Catastrophe de Skikda.
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