La sociologie, clé essentielle et pourtant souvent méconnue, peine à occuper pleinement la place qui lui revient en Afrique. Si plusieurs pays du continent se lancent dans des recensements ambitieux en 2024, du Maroc à la Somalie en passant par la Côte d’Ivoire et le Nigeria, cette mobilisation statistique soulève une question centrale : quelle est la réelle influence des sciences humaines et sociales sur les politiques publiques et les décisions de gestion dans les États africains ?
Ce dossier explore en profondeur le rôle, les défis et les perspectives de la sociologie en Afrique, confrontant les analyses de spécialistes reconnus issus du continent et au-delà. Du Maroc à l’Afrique du Sud, de l’Égypte au Ghana, le constat semble quasi unanime : malgré un potentiel considérable pour éclairer les politiques publiques et améliorer le bien-être des populations, la sociologie reste souvent marginalisée, sous-financée et sous-exploitée par les décideurs.
Les contributions rassemblées ici permettent d’identifier clairement les obstacles rencontrés par les chercheurs : rareté des financements, difficultés de terrain, désintérêt politique et parfois même défiance à l’égard d’une discipline perçue comme trop subversive ou critique. Pourtant, des exemples venus d’ailleurs – États-Unis, Suède, Corée du Sud – montrent qu’une prise en compte rigoureuse et ouverte des apports sociologiques peut profondément influencer les politiques et leur efficacité.
Ce dossier invite ainsi à une réflexion collective : comment repositionner la sociologie au cœur des dynamiques de développement, comment tirer parti de ses enseignements pour construire des politiques publiques plus adaptées, et enfin, comment valoriser et soutenir une recherche sociologique africaine capable de répondre aux vrais enjeux sociaux du continent.