Les pétroles congolais s’organisent. Fondée en 1998, la toute jeune Société nationale des pétroles du Congo se donne dix ans pour asseoir ses compétences et sa notoriété sur le plan international. Interview de Bruno Jean Richard Itoua, président-directeur général.
Le Congo est le troisième producteur de pétrole d’Afrique noire. Avec une production de 14 millions de tonnes de brut par an, 100 millions de barils, le pays se place juste derrière le Nigeria et l’Angola. Créée il y a trois ans, la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) veille aux intérêts de l’Etat. Après deux années d’exercice, l’entreprise commence a se tailler une place dans le monde du trading international. Bruno Jean Richard Itoua, président-directeur général de la SNPC, se donne dix ans pour faire de son groupe un des grands acteurs de demain.
Afrik : Quel bilan après trois années d’existence ?
Bruno Jean Richard Itoua : La SNPC doit devenir le pôle pétrolier congolais. La société a été créée pour remplir trois missions. Elle devait premièrement commercialiser le brut de l’Etat congolais. C’est chose faite, grâce à notre filiale londonienne. Malgré tout scepticisme, la SNPC fait aujourd’hui partie du paysage du trading et a même la réputation d’être dure dans les négociations. Nous sommes redoutés par les traders. Nous avons réussi le pari de vendre le pétrole congolais et d’être acceptés par les professionnels du secteur, alors que certains nous prédisaient une aventure sans lendemain. Deuxièmement, la SNPC devait représenter les intérêts de l’Etat dans ses relations avec les pétroliers. Là encore, nous avons de bons résultats. Les relations entre l’Etat congolais et les sociétés pétrolières se font à présent entre professionnels de même niveau et nous obtenons de beaux résultats dans nos négociations. Enfin, la SNPC a un objectif à long terme : devenir une société moderne.
Afrik : Qu’est-ce-qu’une » société moderne » ?
Bruno Jean Richard Itoua : Nous voulons une société d’experts, de gens pointus, très formés pour gérer au mieux l’intérêt de l’Etat. Nous nous donnons encore dix ans pour y parvenir, avec 70 ou 100 personnes maximum à la maison-mère. Autour de cette maison-mère : un ensemble de filiales spécialisées, comme nous en possédons déjà. (SNPC UK, Congo Rep et la CORAF). Nous souhaitons créer des sociétés de services pétroliers et para-pétroliers, des holdings financières, développer les raffineries. Nous avons déjà une participation dans une banque locale. Nous voulons développer tout un ensemble d’activités pétrolières et para-pétrolières, connexes au pétrole. C’est un processus long.
Afrik : La SNPC a-t-elle des partenaires ?
Bruno Jean Richard Itoua : Aucun. Nous avons des acheteurs – des traders londoniens, chinois, quelques raffineurs…- mais pas encore de relation avec les majors (les grandes compagnies, ndlr). Nous nous donnons trois ans pour acquérir la compétence et la notoriété nécessaires dans tous les aspects du trading. Nous devons apprendre à maîtriser certains nouveaux métiers, très pointus, comme ceux qui découlent de la gestion des risques ou des produits dérivés.
Afrik : Quels sont vos objectifs ?
Bruno Jean Richard Itoua : La SNPC doit s’ouvrir sur le plan international. Nous pensons à prendre des prises de participations en Angola, nous avons eu des propositions en Guinée Equatoriale, en Côte d’Ivoire (pays avec lequel nous avons une coopération croisée dans les champs pétroliers). Nous avons même eu une proposition de France. Ce serait un beau pied de nez qu’une entreprise congolaise prenne une participation dans une société française, vous ne trouvez pas ?