Un officier algérien témoigne : l’armée tue aussi. Embarrassés, les militaires algériens répliquent, via les journaux qui leur sont acquis. Ils accusent l’auteur du livre d’être islamiste et traître. Sans aucun argument.
» Je m’appelle Habib Souaïdia. Je suis un ancien officier ayant appartenu aux troupes spéciales de l’armée algérienne. J’ai 31 ans. Engagé volontaire, en 1989, j’étais loin de penser que j’allais être un des témoins de la tragédie qui a frappé mon pays. J’ai vu des collègues brûler vif un enfant de 15 ans. J’ai vu des soldats se déguiser en terroristes et massacrer des civils. J’ai vu des colonels assassiner, de sang-froid, de simples suspects. J’ai vu des officiers torturer, à mort, des islamistes. J’ai vu trop de choses « . C’est la première fois qu’un officier témoigne à visage découvert. Il le fait méticuleusement : noms des officiers-assassins, noms des victimes, dates et lieux des tueries.
Les disparus sont morts
Lakhdaria, ex-Palestro. » Depuis mon arrivée à Lakhdaria, j’ai vu au moins une centaine de personnes liquidées. Les personnes dont les noms suivent ont été assassinées en mai et juin 94 par les militaires de Lakhdaria, sur ordre des généraux avec l’accord du colonel Chengriha « . Liste macabre. Les disparus sont morts, les familles peuvent faire leur deuil. La réponse des autorités algériennes, dans un premier temps, a été d’envoyer la police et les services de renseignement interroger la famille et les habitants du quartier de Tébessa où habitait l’officier avant qu’il ne s’exile en France. Par ailleurs, le magasin de vidéos de son frère a été dévalisé. Banal cambriolage, selon la police algérienne.
Certains journaux algériens, proches du pouvoir, accusent Habib Souaïdia d’être un terroriste qui, sous son uniforme de parachutiste, travaille le jour pour l’armée et le soir pour les islamistes.
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