Cela fait cinq jours que 500 000 personnes arpentent les rues d’Antananarivo pour demander le départ du président Ratsiraka à l’appel de son adversaire, autoproclamé vainqueur du scrutin du 16 décembre, Marc Ravalomanana. Les manifestants n’ont qu’un seul mot d’ordre, lancé par le prétendant à la présidence : jamais un second tour.
Or, la communauté internationale incite les deux protagonistes à se départager lors d’un second tour. Le Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, Amara Essy, affirme au maire de la capitale que s’il est réellement sûr de ses chiffres, plus de 60% dès le premier tour, se représenter de nouveau relève d’un acte administratif.
Les patrons malgaches tirent aussi la sonnette d’alarme. Si le mouvement devrait durer, plusieurs entreprises, surtout celles spécialisées dans le textile, devront baisser le rideau. La population commence, elle aussi, à en ressentir les effets négatifs. Les habitants de la capitale éprouvent des difficultés à percevoir leur salaire car les banques sont en manque de liquidités ou en grève. Devant cet empêtrement, Marc Ravalomanana, qui a radicalisé son discours, se sent obligé de pratiquer la fuite en avant. Il a demandé, ce jeudi, à ses troupes de durcir la grève pour faire tomber le régime. Et appelle, au même temps, les représentants de la communauté internationale » à venir constater la situation à Madagascar avant de le presser à accepter un second tour de l’élection présidentielle « .
Pour l’instant, l’adversaire de Ratsiraka semble privilégier la rue aux urnes, en espérant réitérer l’expérience de 1992 lors que, déjà, l’Amiral a dû céder le pouvoir devant la pression populaire. Le pari est très risqué mais Marc Ravalomanana n’a plus rien à perdre. Les Eglises, principal arbitre à Madagascar, ne peuvent plus jouer les médiateurs. Elles sont toutes mises aux côtés du candidat de l’opposition. Seule une médiation extérieure peut débloquer la situation.
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