La résistance aux insecticides menace le contrôle du paludisme en Afrique


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Un moustique
Un moustique (illustration)

Des chercheurs en Afrique de l’Ouest sont en train d’observer un phénomène inquiétant qui touche les efforts de contrôle du paludisme : l’augmentation de la résistance aux insecticides chez les moustiques de la région. Un reportage d’Adele Baleta depuis le Burkina Faso.

Suleyman Kabore et Boureina Kabore sont exploitants de coton et utilisent les insecticides pour assurer de bonnes récoltes. Des champs recouverts de capsules de coton gonflées comme du maïs fraîchement éclaté sont un signe de réussite pour les agriculteurs vivriers du Burkina Faso. Mais les bonnes récoltes impliquent un coût sanitaire important. En effet, les insecticides pulvérisés pour assurer un bon rendement des plantes ont alourdi le fardeau lié au paludisme dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Suleyman Kabore, exploitant de coton depuis plus de 30 ans dans ce petit pays sans accès à la mer et classé le troisième plus pauvre pays du monde, ne comprend pas le lien entre la pulvérisation d’insecticides et la résistance des vecteurs du paludisme. Il est certain que sans ce « poison » et la pluie, lui et les 16 membres de sa famille mourront de faim.

Les pluies sont arrivées, mais leur courte durée (de juin à octobre) associée à la pulvérisation intensive des cultures et au taux élevé de transmission du paludisme et de pauvreté ont entraîné l’endémisation de la maladie dans la savane humide de cette région du sud-ouest.

La résistance aux insecticides est l’un des éléments qui menacent le plus le contrôle durable du paludisme en Afrique. Selon les estimations du Programme « Faire reculer le paludisme », près d’un million d’Africains, principalement des enfants âgés de moins de 5 ans et des femmes enceintes, meurent du paludisme chaque année. Parallèlement, 500 millions de cas de maladies liées au paludisme sur le continent, ont et continuent d’avoir un effet dévastateur sur la productivité des économies africaines.

Sodiomon Sirima, directeur par interim du Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme (CNRFP) basé dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, explique qu’avec la pulvérisation des cultures faite depuis de longues années, les vecteurs du paludisme, principalement l’espèce mortelle des Anopheles gambiae, ont développé une résistance accrue au dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et aux pyréthroïdes.

Étant donné que le contrôle des Anopheles repose essentiellement sur l’utilisation de moustiquaires de lit imprégnées de pyréthroïde, on craint que l’émergence de la résistance aux insecticides compromette leur efficacité. Le DDT est utilisé pour la pulvérisation résiduelle intradomiciliaire dans de nombreux pays mais pas au Burkina Faso qui n’a pas commencé le programme de pulvérisation.

« …avec la pulvérisation des cultures faite depuis de longues années, les vecteurs du paludisme, principalement l’espèce mortelle des Anopheles gambiae, ont développé une résistance accrue au dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et aux pyréthroïdes. »
« Comparé à l’Afrique de l’Est et aux régions centrales du continent, notre saison des pluies est courte et nos taux de transmission sont élevés. On enregistre en moyenne 300 piqûres infectantes par personne et par an dans les zones rurales (contre 50 en Afrique de l’Est) et environ 10 par personne et par an dans les zones urbaines », explique M. Sirima.

Près de 15 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année du paludisme. M. Sirima explique que tous les enfants de cet âge subissent au minimum deux épisodes par an. La malnutrition aggrave le problème. Pendant la saison des pluies et en fonction de la région, environ 76 % des enfants de cet âge ont été diagnostiqués positifs à l’aide de la microscopie et ce pourcentage augmente pour atteindre presque 100 % lorsque l’on a recours à un test plus cher, celui de la PCR. Pour l’ensemble de population, ces proportions sont respectivement de 40 % et 60%. Le CNRFP fait partie d’un réseau du Programme spécial de l’OMS de recherche et de formation concernant les maladies tropicales qui étudie et contrôle deux fois par an la résistance des vecteurs africains du paludisme sur des sites sentinelles du Burkina Faso, de l’Angola, du Bénin, du Tchad et du Soudan. Les résultats et protocoles issus de ce travail ont été présentés lors de la 5ème Conférence pan-africaine de l’initiative multilatérale sur le paludisme (MIM) qui s’est tenue à Nairobi, au Kenya cette semaine.

La coordinatrice du réseau, Hilary Ranson, de la Liverpool School of Tropical Medicine, a déclaré que les cinq insecticides suivants avaient été testés : le DDT ; la perméthrine et la deltaméthrine (pyréthroïdes) ; le bendiocarbe (carbamate) ; et le fénitrothion (organophosphoré). Les résultats ne sont pas encourageants. À l’exception du Burkina Faso et du Bénin, dans une moindre mesure, la plupart des moustiques étudiés étaient sensibles au bendiocarbe et au fénitrothion. Des variations importantes du niveau de résistance ont été observées

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