Devant des milliers d’Américains réunis au pied du capitole à Washington, Barack Obama a prononcé, mardi, son discours d’investiture. Après huit ans de présidence, George Bush lègue à son successeur un lourd héritage. Loin d’être abattu, le nouveau chef de l’Etat entend relever tous les défis : de la crise économique au réchauffement climatique.
« En ce jour, nous sommes rassemblés car nous avons choisi l’espoir plutôt que la peur, la volonté d’agir en commun plutôt que le conflit et la discorde », a lancé le 44ème président des Etats-Unis, dès le début de son discours d’investiture, prononcé mardi à Washington. Barack Obama donne le ton.
Les préoccupations économiques ont occupé une large part dans son allocution. L’économie est « gravement affaiblie » à cause de « la cupidité et l’irresponsabilité de certains », a concédé Barack Obama. Mais le président des Etats Unis n’entend pas baisser les bras.
Dès le 15 janvier, il a d’ailleurs pressé le Congrès d’adopter un plan de relance, qui sera effectif immédiatement après son investiture. Depuis la crise de 1929, le pays, qui se trouve au bord de la récession, ne s’était jamais retrouvé dans un tel marasme économique. Officiellement, la futur « loi de relance et de réinvestissement américains de 2009 » est dotée de 825 milliards de dollars. Un montant qui pourrait aller jusqu’à mille milliards, aux dires de Barack Obama. Son but : sauver ou créer trois à quatre millions d’emplois.
La lutte contre le chômage
« Des gens n’ont plus de domicile. Des emplois sont perdus. Des entreprises sont brisées », a déploré, mardi, Barack Obama dans son allocution. Pour pallier le taux de chômage galopant aux Etats Unis, l’une des conséquences dramatiques de la crise, le président des Etats-Unis a promis de baisser les impôts pour 95% des ménages américains et de ponctionner les revenus dépassant les 250 000 dollars annuels. Barack Obama entend créer, dans les deux ans à venir, un crédit d’impôt de 3000 dollars pour chaque emploi créé dans le pays. Concernant l’assurance maladie, le nouveau président juge « le système de santé beaucoup trop cher ». Il souhaite notamment rendre les assurances privées plus accessibles et la couverture maladie obligatoire pour les enfants. Certains analystes évoquent même la possibilité d’une instauration d’un système de sécurité sociale universel.
Moyen-Orient : place au dialogue
Côté international, le président des Etats Unis devra pacifier ses relations avec le Moyen Orient, malmenées durant l’ère Bush. « Nous allons commencer à laisser l’Irak à son peuple de façon responsable et forger une paix durement gagnée en Afghanistan », a déclaré Barack Obama, dans son discours d’investiture. Le président doit retirer 140 000 soldats américains d’Irak. Barack Obama souhaite mener une lutte contre les Talibans en Afghanistan et les activistes d’Al-Qaïda basés à la frontière avec le Pakistan. Il a proposé d’augmenter le contingent déployé en Afghanistan. « L’Amérique est prête à diriger de nouveau. Les extrémistes du monde entier ne réussiront pas à affaiblir les Etats Unis. Nous les vaincrons », a affirmé le nouveau président.
La guerre contre le terrorisme continue donc. Mais Barack Obama veut en finir avec la stigmatisation des musulmans et la détérioration de l’image des Etats-Unis dans le monde islamique. Il a proposé au monde musulman « une nouvelle approche fondée sur l’intérêt et le respect mutuels ». Il devrait aussi ordonner, dès ses premiers jours à la présidence, la fermeture de la prison de Guantanamo. Pour Barack Obama, il faut trouver des solutions juridiques et judiciaires pour ces prisonniers considérés comme « des combattants ennemis ».
Le président souhaite ouvrir le dialogue notamment avec l’Iran. Sans pourtant renoncer à l’option militaire sur le pays ne fait pas toute la transparence sur son programme militaire. Rien à encore été dit sur la stratégie à adopter concernant l’offensive israélienne dans la bande de Gaza. Néanmoins, Barack Obama est partisan de la création d’un Etat palestinien, si le Hamas et le Hezbollah consentent à renoncer au terrorisme.
La révolution verte
En matière d’environnement, le président mise sur « une véritable révolution technologique ». « Les Etats Unis travailleront sans relâche pour faire reculer le spectre du réchauffement de la planète », a expliqué Barack Obama dans son discours. Le programme énergétique comporte deux points importants : la réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 et la création de plusieurs millions d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables en investissant 150 milliards de dollars sur dix ans. Cette politique rompt avec l’attitude de l’administration Bush qui avait rejeté tout engagement contraignant de réduction des émissions de CO2.
Les défis à relever sont immenses. Barack Obama a quatre ans pour prouver aux Américains qu’ils ont fait le bon choix.
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