Pour implorer le retour de la pluie, certains leaders religieux de Niamey, au Niger, ont appelé à des prières collectives la semaine dernière. Il a plu un peu mais pas assez. Les imams semblent s’en prendre aujourd’hui aux prostituées de la capitale, accusées d’en être la cause.
Le ciel de Niamey est lourd de nuages qui ne veulent pas crever. Alors que la saison des pluies au Niger s’étale normalement de juin à août, l’eau tarde à tomber. Le cumul des pluies de mai à juillet est d’ores et déjà déficitaire dans 70% des régions selon les postes pluviométriques du pays. Pour conjurer le mauvais sort, plusieurs leaders religieux ont appelé la semaine dernière à des prières collectives afin de « solliciter le pardon d’Allah » afin qu’il fasse descendre « sa miséricorde sur le pays ».
« Pour faire venir la pluie, les marabouts encouragent à se tourner vers Dieu, à ne pas pêcher », explique un habitant de Niamey. Le président Mamadou Tandja et son Premier ministre, Hama Amadou, ont eux-même participé à ces prières. Vendredi dernier, la grande Mosquée de Niamey a accueilli des milliers de fidèles venus demander la pluie.
Rumeurs de rafles
Et il a plu sur Niamey et ses environs dès vendredi soir. « À partir de 23 h », précise-t-on au ministère de l’Environnement. « Puis la pluie est tombée samedi de 7 à 10 h du matin. On a déjà noté une amélioration de la situation grâce à ces deux jours de pluie. Quant à certaines régions du Niger, elles n’ont pas besoin de prières ! À Gaia, les épis de mil ont déjà commencé à sortir. La récolte est en bonne voie ».
Pourtant au journal Le Sahel, on affirme que les pluies n’étaient pas très importantes et les leaders religieux, forts des pluies qui ont suivi les prières, n’ont pas baissé la garde. Des rumeurs insistantes, que nous n’avons pu vérifier auprès de la police, font état de rafles de prostituées ces derniers jours. « Les imams accusent cette frange de la population d’être responsable du manque de pluie. Ils condamnent la prostitution comme une pratique perverse », explique un journaliste du Sahel. « C’est un mouvement d’humeur. Avec le retour de la pluie, on les laissera tranquilles ».
Le Niger, dépendant d’une agriculture encore archaïque, connaît régulièrement des cycles de famine endémique. Actuellement, le prix des céréales flambe sur les marchés. Le gouvernement a annoncé des mesures pour contenir l’augmentation des prix et parer à une éventuelle disette, notamment par la vente de produits de première nécessité à prix modérés.