Le Forum pour la réconciliation nationale s’annonce très mal. Le président Laurent Gbagbo sera le seul poids lourd au forum, ses adversaires ont préféré s’abstenir. Henri Konan Bédié, Robert Gueï et Alassane Ouattara ont décidé de faire l’impasse.
Le président ivoirien Laurent Gbagbo ouvrira, ce mardi, le Forum pour la réconciliation nationale. Ses principaux adversaires politiques, les anciens présidents Henri Konan Bédié, Robert Gueï et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, ne seront pas présents pour écouter son discours inaugural. » Le Forum est mort à sa naissance. Tant que Laurent Gbagbo et la classe politique ivoirienne ne se prononcent pas définitivement sur la nationalité d’Alassane Ouattara, il et inutile de parler de réconciliation. On invite Ouattara à se réconcilier avec Gbagbo et les autres, mais on refuse de reconnaître son » ivoirité » ! Les gens ne comprennent pas pourquoi le gouvernement fait un forcing pour faire venir Ouattara à Abidjan si ce dernier est apatride « , s’offusque un journaliste du quotidien Le Jour.
Se réconcilier avec qui ?
Les autorités d’Abidjan ont même délivré un passeport diplomatique à Alassane Ouattara. Le message est clair. Pour les élections, vous n’êtes pas ivoirien, mais si vous pouvez nous aider à ramener la paix, on peut vous délivrer tous les documents officiels que vous voulez. » C’est cette schizophrénie qui plombe tous les efforts de paix. On se réconcilie avec ses adversaires, sinon ses ennemis. Or, Laurent Gbagbo ne démord pas de sa politique d’exclusion « , analyse un cadre du RDR, parti de l’ancien Premier ministre.
Les déclarations depuis Paris du Premier ministre ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, ne sont pas faites pour ramener le calme et montrent clairement les limites du Forum. Interrogé par nos confrères de RFI sur l’affaire du charnier de Yopougon, le Premier ministre s’est demandé si le charnier n’était pas un simple montage. Les ONG ivoiriennes ont réagi immédiatement en annonçant leur retrait du Forum.
Le Forum national pour la réconciliation risque fort d’être un autre rendez-vous raté, une occasion gâchée par le jusqu’au-boutisme des leaders ivoiriens.