Les Congolais devront s’armer de patience. La Commission nationale indépendante (CNI) a annoncé un nouveau report des résultats de la présidentielle du 28 novembre. Dans le pays, la tension est à son comble. De nouvelles violences sont plus que jamais redoutées.
Une attente insoutenable. Prévue initialement mardi, puis décalée à jeudi, l’annonce des résultats de la présidentielle du 28 novembre en République démocratique du Congo (RDC) a été à nouveau reporté par la Commission nationale indépendante (CENI). « Nous devons comparer si les résultats reçus sur procès-verbaux correspondent à ceux reçus par valise satellite. C’est un travail énorme et nous devons le faire pour assurer la crédibilité et la conformité des chiffres que nous allons communiquer », a justifié Daniel Ngoy Mulunda, président de la commission.
Mais ce nouveau report de la CENI, qui ne présage rien de bon, fait craindre de nouveaux affrontements dans le pays entre les partisans du président sortant Joseph Kabila et ceux de son rival Etienne Tshikedi, chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Une CENI désorientée
La cacophonie semble avoir atteint son paroxysme au sein de la CENI qui, depuis mardi livre des résultats partiels du scrutin à l’oral sans justificatifs écrits. Tantôt par province, tantôt par candidat. Un décompte des voix d’autant plus difficile que les candidats à briguer la magistrature suprême sont au nombre de 11 dans ce scrutin à un tour.
Selon les derniers chiffres partiels publiés mardi, sur un peu plus de 89 % des bureaux de vote, le président Kabila, est largement en tête avec 49 % des voix contre 33% pour son rival Etienne Tshisekedi. L’opposant historique, âgé de 78 ans, a contesté ce résultat, le qualifiant d’ « illégal, opaque et tendancieux ». Il estime depuis le début du scrutin que « les résultats de la CENI ne reflètent pas la réalité des urnes ». Il réclame un comptage par bureau de vote et non par province. La France et les observateurs de l’Union européenne ont également effectué cette demande, « par souci de transparence ».
Crisis Group tire la sonnette d’alarme
Face à ce climat tendu, l’ONG Crisis Group a mis en garde jeudi contre un nouveau basculement du pays dans le « cycle de la violence ». L’organisation a appelé l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne à « envoyer de toute urgence une mission de haut niveau pour entamer une médiation entre factions rivales et trouver une solution alternative à la crise ». L’ONG craint particulièrement des troubles à Kinshasa, sous haute surveillance, après l’annonce de la victoire probable de Joseph Kabila pour un second quinquennat. Selon elle, la violence guette également la province du Katanga, fief du chef d’Etat sortant, et celle des Kasaï Occidental et Oriental, région d’origine de son opposant Etienne Tshisekedi.
Le nom du prochain dirigeant devrait être annoncé officiellement le 17 décembre par la Cour suprême de justice. Il prêtera serment le 20 décembre, si toutefois l’imbroglio politique cesse avant cette date. Pour l’heure, la violence reste la principale ennemie de la RDC.