Jane Benzaquen, âgée de 71 ans, s’engage aujourd’hui dans une bataille juridique pour obtenir la reconnaissance de sa filiation avec le défunt roi Hassan II du Maroc. Après des décennies de questions et de secrets soigneusement gardés, elle est déterminée à faire reconnaître son lien familial devant les tribunaux belges, affirmant que son père biologique est Hassan II lui-même et qu’elle est donc la sœur aînée du roi Mohammed VI. Elle se livre dans une longue interview au journal espagnol El Independiente.
Un héritage de secrets et de silence
L’histoire de Jane commence avec les récits de sa grand-mère, évoquant la voiture du palais, une Mercedes noire, qui venait chercher sa mère, Freha, une jeune femme de 17 ans issue d’une famille juive pauvre mais néanmoins introduite dans les relations, car sa mère était la nièce de Léon Benzaquen, ministre du Palais. Freha travaillait dans un magasin de vêtements à Casablanca lorsqu’elle a rencontré le prince Moulay Hassan. Leur relation, qui a duré de 1951 à 1953, aurait donné naissance à Jane le 14 novembre 1953. Le journal espagnol El Independiente publie une longue interview de Jane, avec de nombreuses photos de l’époque.
Les souvenirs de sa tante et de sa grand-mère racontent comment cette relation a permis à la famille de survivre grâce aux provisions fournies par le palais. Cependant, après la naissance de Jane, sa mère a été expulsée du Maroc et a déménagé en Belgique, où elle a travaillé comme actrice sous le nom d’Anita Benzaquen.
Une enfance difficile et une vie de questions
Jane raconte comment elle a passé ses premières années dans une famille d’accueil chrétienne en Belgique, avant de retrouver sa mère. La cohabitation n’a pas été facile, sa mère ayant alors un autre enfant. Jane a grandi en colère contre sa mère, mais a finalement compris les difficultés auxquelles elle avait été confrontée. « Pendant des années, j’ai été très en colère contre ma mère ; je lui ai déjà pardonné. Elle n’a pas eu une vie facile non plus », confie Jane.
Ce n’est qu’à l’âge adulte, après avoir vécu plusieurs années en Israël, que Jane a commencé à chercher la vérité sur ses origines. La révélation est venue lors des funérailles de Hassan II en 1999, lorsqu’elle a vu une photo du roi et a remarqué leur ressemblance frappante. Avec le soutien de ses descendants, elle a alors entamé une bataille juridique pour prouver ses origines royales, un combat de recherche de filiation que Rabat n’apprécie pas du tout.
Le combat juridique et les défis
Le processus judiciaire est complexe, confrontant Jane à la puissante Maison Royale marocaine. Les tests ADN qu’elle a effectués ont confirmé que Raoul Jossart, enregistré comme son père sur son acte de naissance, n’est pas son père biologique. Les résultats ont révélé que ses ancêtres proviennent d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, soutenant sa revendication d’une filiation avec Hassan II. Mais cela reste largement insuffisant pour démontrer qu’elle est bien la sœur de l’actuel roi du Maroc.
L’affaire, en cours depuis trois ans, devrait voir une audience au premier trimestre de 2025. Jane espère que la justice belge, reconnue pour son soutien aux droits de l’enfant, lui donnera raison. « Chaque enfant a le droit de savoir qui sont ses parents et d’où ils viennent », affirme son avocat. Pour cela, seul un test ADN pourrait servir de preuve.
Une quête de reconnaissance ?
Jane dit ne pas chercher à obtenir des avantages matériels ou un statut royal. Elle souhaite simplement la reconnaissance de sa filiation et la vérité sur ses origines. « Ils pourraient m’appeler demain et m’inviter à prendre un café à Paris et reconnaître que je suis leur sœur. C’est assez », dit-elle. Jane espère également visiter le Maroc un jour, pour rendre hommage à ses racines et à sa famille.
Jane, mère de trois enfants et grand-mère de six petits-enfants, continue de se battre pour la vérité, convaincue que « la vérité finira par prévaloir », dit-elle dans son interview.