Un recueil qui arrive comme un OVNI dans la production poétique souvent terne de cette fin de siècle, avec un titre bizarre : Pluie-Poésie, Les Pieds sur la mer.
Mame Seck Mbacké compose son poème comme on s’exclame et comme on pense, avec l’intensité joyeuse des mots francs :
« J’ai crié ma passion à la tête des Dieux
Sans effroi Maro ! je braverai les tempêtes
millénaires de ta race Sans effroi ma
traversée vers les aubes au goût de miel «
Chaque mot est une trouvaille verbale : dans l’amour, « faudra-t-il » mourir du frisson de tes mains Eventail d’Aurore ? La poésie est tout entière dans cette naissance du langage brut qui monte entre les lèvres de Mame Seck Mbacké comme une oraison débridée.
Mais ce n’est pas une poésie gratuite et vaine : elle ose s’en prendre aux drames sanglants de l’Afrique contemporaine, en exorcisant les démons trop réels… « Hier seulement Hébétée j’ai assisté au carnage et j’ai hurlé… » Les images brûlantes doivent être effacées, et les corps sauvés :
» Afrique ! Tu n’as qu’un langage Pour
vaincre il faut déposer les armes Pour
vaincre il faut regrouper les enfants
dispersés Pour vaincre il faut donner par
amour S’unir et s’aimer «
Car l’Afrique est toujours donnée en partage, en patrimoine commun, en référence et en source vive à protéger : jusque dans les exils du vingtième et unième siècle :
« Et Dans les sombres ghettos de Harlem
T’invoque encore le choeur nègre Ivre du
Soleil d’Afrique Dans le claquement des
Cimbales d’un jazz plaintif Obscurci par
Les relents d’alcool de canne à sucre Et
Le Chant-Complainte continue de sourdre
AFRICA
GOD BLESS AFRICA »
Voilà donc la voix forte et originale à laquelle le 1er décembre 1999 le Président de la République du Sénégal remettait le Premier Prix de Poésie « Message pour l’An 2000 », au Théâtre National Daniel Sorano.
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