La profanation des vagins


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Cachez ce vagin que je ne saurais voir… Le célèbre tableau de Gustave Courbet est lacéré tous les jours par diverses soldatesques africaines. Le Continent noir est devenu « Un enfer pour les femmes ». Edito de Bolya

Cachez ce vagin que je ne saurais voir… Le célèbre tableau de Gustave Courbet est lacéré tous les jours par diverses soldatesques africaines. Le Continent noir est devenu « Un enfer pour les femmes »[[<*>« Congo, un enfer pour les femmes », René Lefort, Nouvel Observateur 11-17 septembre 2003]] et pour les enfants. En effet, les crimes sexuels de masse en série et les viols collectifs à répétition sont considérés comme de redoutables armes de destruction massive dans les innombrables guerres sales qui ravagent l’Afrique. Et le vagin élevé au rang de cible militaire stratégique, qu’il faut absolument atteindre, souiller, détruire et profaner. La destruction de « l’Origine du monde » à la kalachnikov ou à la machette est le seul impératif des seigneurs de la guerre.

Aussi, il est plus qu’urgent que l’on cesse de répéter cette horrible rengaine qui veut que dans toutes les guerres depuis la nuit des temps, il y ait toujours eu des viols collectifs commis par des soudars errants et désoeuvrés. De même, que l’on cesse d’insister jusqu’à la nausée, sur le fait que dans toutes les armées du monde depuis l’Antiquité (Rome, Athènes…) l’utilisation des enfants-soldats est une constante universelle et un invariant de tous les conflits.

Jamais, la banalisation de la violence sur les femmes n’a atteint de tels sommets de barbarie. Jamais, on atteint l’horreur absolue avec des moyens de destruction de la vie aussi rustiques. Jamais, ces pratiques « militaires » monstrueuses n’ont atteint de telles proportions comme dans les guerres africaines de rapines. Jamais, les viols collectifs des femmes par des enfants-soldats armés de leur seul pénis, de leur kalanickov et autres armes légères n’ont atteint de tels sommets. En effet, les crimes sexuels sont aussi massifs que répétitifs. Phénomène que seul, du reste, autorise d’une part, l’utilisation systématique d’enfant-soldats transformés en assassins de la vie, en fossoyeurs de « l’origine du monde ». Bref, en profanateurs de vagins.

Et la libre circulation des milliers d’armes légères et des mines anti-personnels, lesquels sont devenus les seuls jouets des 120.000 enfants-soldats africains. De même, la guerre est leur principal sport. Le viol collectif à grande échelle est leur « jeu » préféré et le crime sexuel de masse est leur seul plaisir. Le kalanickov est leur organe de jouissance : leur pénis meurtrier et cannibale. La destruction de « l’Origine du monde », « de l’endroit d’où l’on vient », toute l’Humanité est un nouveau rite initiatique criminel. Tragique tableau noir, loin de Courbet. Mais, comme dit Lacan, « l’inconscient est structuré en un langage ».

BOLYA, écrivain congolais. Dernier ouvrage : « Afrique, Le Maillon Faible », Editions Le Serpent à plumes, 2002.

Désiré Bolya Baenga
LIRE LA BIO
Bolya Baenga, intellectuel polymorphe et écrivain congolais au regard acéré, a marqué la littérature et la pensée africaine par son engagement sans concession. Romancier, essayiste et criminologue de formation, il a su tisser une œuvre où s’entrelacent critique sociale, humour mordant et quête identitaire. Son écriture, à la fois incisive et foisonnante, explore les marges, les non-dits et les fractures du monde contemporain, avec une prédilection pour les récits noirs et les enquêtes troublantes. Entre la fiction et l’analyse sociopolitique, Bolya Baenga s’est imposé comme une voix singulière et libre, bousculant les certitudes et révélant les complexités d’un continent en perpétuelle mutation. Sa participation régulière à Afrik.com était un honneur pour notre journal.
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