80% des travailleurs du secteur automobile sud-africain sont en grève illimitée depuis deux semaines. Les conséquences sont dramatiques pour les entreprises étrangères touchées et une grève » de sympathie » menace de s’étendre au secteur de la métallurgie.
BMW, DaimlerChrysler, Delta, Ford, Nissan, Toyota et Volkswagen sont les sept entreprises automobiles internationales affectées par la grève qui paralyse l’industrie automobile sud-africaine depuis le 6 août dernier. Les 20 000 salariés du secteur automobile qui sont en grève ont réclamé une augmentation de salaire de 12 puis de 10%. Leurs employeurs, de leur côté, sont passés d’une offre de 6,8 à 8% d’augmentation. Pas assez pour les grévistes. Les négociateurs des deux parties doivent se rencontrer mardi au sein de la Commission pour la Conciliation, la Médiation et l’Arbitrage (CCMA) pour trouver un compromis.
Le porte-parole de l’Union nationale de la métallurgie sud-africaine (Numsa), Dumisa Ntuli, qui accuse l’Organisation des employeurs de l’industrie automobile (Ameo) de mauvaise volonté dans les négociations, brandit la menace d’un durcissement de la grève : » La grève pourrait s’étendre à 150 000 travailleurs du secteur de la métallurgie. Nous voulons mettre en place un front commun contre les employeurs. Nous souhaitons que le mouvement se durcisse. Cela va être une grande bataille « , a-t-il déclaré au Business Day.
Front noir et blanc
Le porte-parole de l’Alliance Démocratique a condamné cet appel à la solidarité ayant pour conséquences de montrer l’Afrique du Sud comme » une destination d’investissement instable et hostile » et de porter un coup aux investissements étrangers. De fait, cette grève de » sympathie » pourrait bien être suivie par l’Union-Solidarité des métallurgistes. Ce syndicat, qui regroupe 4 500 membres, essentiellement Blancs, a déclaré vouloir » supporter stratégiquement la Numsa « , majoritairement noire.
Ameo et Numsa ont prévu de se rencontrer à nouveau vendredi prochain si la médiation de mardi ne donne aucun résultat. » La grève continuera tant que nos demandes ne seront pas comblées « , a promis Dumisa Ntuli. Avec 80% des employés du secteur en grève, les conséquences, difficiles à appréhender la première semaine, commencent à se chiffrer en millions…
Les compagnies touchées perdraient collectivement 1 billion de rands (120 millions de dollars) par semaine, lit-on dans le Daily Mail and Guardian. DaimlerChrysler a notamment annoncé que cette grève pourrait lui faire perdre son important contrat pour la production annuelle de 30 000 Mercedes Class C à destination du marché européen.