La presse écrite congolaise doit faire face à de sérieuses difficultés. Pas d’argent, pas – ou peu – de lecteurs, elle traverse une grave crise. Panorama d’une presse qui se cherche encore.
La Nouvelle République, L’Union, L’Arroseur, Les Echos… Les journaux congolais sont affichés aux yeux de tous. Ils pendent sur des cordes à linge et les badauds se pressent pour lire les dernières nouvelles du pays. Ces lecteurs n’achètent pas les journaux. Ou peu. Le prix est prohibitif : 500 FCFA (5 FF) pour un hebdomadaire. En comparaison, le prix d’un repas complet revient pour le Brazzavillois moyen à 700 FCFA (7FF). Le calcul est rapide. Entre se remplir la panse ou les neurones, les Congolais doivent choisir.
Pourtant, Ekiaye-Ackoli Wahene, président de la section congolaise de l’Union des journaliste pour la langue française (UIJPLF), nuance l’observation : » Ce n’est pas si cher si l’on tient compte de l’environnement économique du pays. Le papier coûte cher et les frais d’imprimerie sont élevés. Les éditeurs de journaux font très peu de bénéfices sur la vente de leurs journaux. Il faut des réformes dans ce domaine. Si nous nous regroupons entre éditeurs, nous pourrons alléger cette charge « .
Contenus politisés
Toujours est-il que les journaux congolais ne se vendent pas suffisamment et leur prix n’en est pas seul responsable. Mis en cause : le contenu des publications. » Il faut diversifier les contenus « , plaide Ekiaye-Ackoli Wahene. » Les journaux sont trop politisés. Les lecteurs sont saturés de politique. Il n’y a pas sur le marché de spécialiste économique ou de journal abordant des thèmes de société comme la santé, notamment le sida, ou la vie dans les régions « , note-t-il.
La mévente des journaux est renforcée par le caractère fluctuant de l’offre. » A Brazzaville, n’importe qui peut créer son journal. Les initiatives durent un mois ou deux et périclitent. On observe qu’en période d’échéances électorales ou politiques, le nombre de journaux augmente, puis redescend de nouveau après les élections. »
Pas de quotidien
Autre fait marquant : il n’existe pas de presse quotidienne à Brazzaville. Il existe entre dix et quinze hebdomadaires, dont la qualité éditoriale varie selon les titres et dont la parution est parfois aléatoire. » Il n’y a pas de quotidien pour des raisons économiques. Le seul journal sérieux qui pourrait avoir ce rôle est » La semaine africaine » mais il n’en a pas les moyens « , explique Ekiaye-Ackoli Wahene.
Rongée par ses problèmes économiques, la presse congolaise ne cherche pourtant qu’à s’épanouir. Les bons journalistes existent au Congo. Il veulent travailler pour une presse libre et de qualité. Comme le rappelait Ekiaye-Ackoli Wahene à l’ouverture des Etats généraux de la presse francophone, tous espèrent que le projet de loi sur la presse, en cours d’examen, ouvrira des perspectives intéressantes pour l’exercice de leur profession.