Un ouvrage important, ayant pour titre Huellas de África en América: Perspectivas para Chile, démontre que la présence africaine dans notre pays n’est pas une invention, ni un caprice de groupes contemporains, mais qu’elle a un fondement historique irréfutable
L’existence au Chili de l’ethnie afrodescendante est une réalité observée dans divers ouvrages historiques. Les grands historiens Diego Barros Arana (1830-1907) et Francisco Antonio Encina (1874-1965) rendent compte de cette présence dans leurs monumentales histoires du Chili. Puis, au milieu du 20ème ème siècle, les premiers travaux monographiques abordant cette thématique sont publiés: El africano en el Reino de Chile de Gonzalo Vial (1957) et Introducción de la esclavitud negra en Chile de Rolando Mellafe (1959). Gonzalo Vial, en démontrant l’importance sociale des afrodescendants durant la préiode de la domination espagnole (16ème – 18ème siècles), conclut que “notre race, possède donc, un peu de noir” (Vial: 1957, 124).
L’oeuvre de Rolando Mellafe est encore plus importante. En se référant à l’arrivée des africains au Chili, il indique: “Presque tous les chroniqueurs qui évoquent le voyage d’Almagro parlent des noirs qu’il amenait, même si le chiffre exact est impossible à connaitre. Nous imaginons que leurs maitres ne les amenaient pas seulement pour se servir d’eux, mais aussi, comme habituellement, pour les vendre le mieux possible au cas où la terre s’avérait riche. De toute façon, ils ne pouvaient pas être beaucoup plus que 150, compte tenu de la du prix élevé qu’ils atteignirent au Pérou pendant la préparation de l’expédition” (Mellafe: 1959, 43-44). Le chiffre était aux alentours de 150 personnes d’origine africaine est énorme, lorsque que l’on considère que les troupes espagnoles s’élevaient à environ 500 soldats.
Cependant, de nombreuses décennies passèrent avant qu’un intérêt de la part de nouveaux chercheurs ressurgisse pour l’étude historique dela présence africaine dans nore pays. C’est ainsi qu’en 2007 allait se réaliser un congrès académique à la Faculté de Philosophie et des Humanités de l’Université dé du Chili avec pour thème Huellas de África en América: Perspectivas para Chile.(Les traces de la présence africaine en Amérique, Perspectives pour le Chili)
Les conférences de ce congrès ont mené à la publication homonyme de septembre 2009 dans laquelle, entre autres, on a essayé de répondre aux questions suivantes: Pouvons-nous parler d’une identité africaine dans des pays comme le Chili où les esclaves s’occupaient d’activités urbaines? Comment expliquer que la présence africaine au Chili ait été passée sous silence durant l’époque républicaine si, par exemple, selon le Recensement de 1777-78, la population noire s’élevait à 12 % en moyenne, et atteignait 40 % dans certains cantons? (Cfr. Cussen, Celia L [Editora], Huellas de África en América: Perspectivas para Chile, Editorial Universitaria, Santiago, septiembre de 2009, p. 10).
Valentina Verbal, historienne et Éditrice de Incide.cl, indique que “tout ceci est très importamt, car cela démontre que la présence africaine au Chili n’est pas une invention, ni un caprice de certains groupes sociaux contemporains, mais qu’elle a un fondement historique irréfutable”. Elle ajoute : “Il faut voir qu’un travail réalisé en 1965, élaboré par les historiens Marcello Carmagnani et Herbert S. Klein (de nacionalités italienne et nord-américaine respectivement) démontre avec des documents que, conformément à un processus de recensement mené dans les années 1777-78, la population noire du Chili ascendía en moyenne 12 %, allant jusqu’à 20 % dans la région de Coquimbo et à 18 % à Santiago, ne se réduisant que dans les régions du sud (à moins de 10 %)” (Carmagnani et Klein, “Demografía histórica. La población del Obispado de Santiago de Chile, 1777-1778”, Boletín de la Academia Chilena de la Historia, Nº 72, Santiago, 1965, pp. 57-73)”.