Le premier long métrage de Henri Joseph Koumba Bididi est une réussite. Portrait acerbe du monde politique gabonais, le film file la métaphore sexuelle pour parler élections. Jubilatoire.
Alevina est un député gabonais. Coureur du tour de taille et amateur de jupons, il est en pleine campagne pour les élections législatives. Seulement, voilà, sa femme, lassée d’être cocufiée à longueur de meetings et autres réunions de travail a consulté une » nganga » (marabout) afin de rendre son mari moins volage. Elle le rendra impuissant. Sa réélection devient alors compromise…
Avec un humour impitoyable, Henri Joseph Koumba Bididi dresse un portrait peu reluisant du monde politique gabonais. Magouilles politiciennes, pots de vin, intérêt personnel, hypocrisie, tout y passe. Et l’on suit avec délectation les efforts d’Alevina pour reprendre confiance en lui. Il s’entiche de Wissi, jeune femme d’origine modeste qui sait jouer de ses charmes et attrape le député grisonnant dans ses filets. Elle est à l’origine de plusieurs scènes très drôles et de réflexions qui le sont tout autant. » Une fille c’est comme du maïs : c’est celui qui a des dents qui peut en manger « , réplique-t-elle à son premier soupirant, Kinga, le chauffeur d’Alevina, qui n’a évidemment pas autant d’argent à dépenser que son patron.
Gagner l’érection
Cette idylle provoque l’indignation dans la circonscription du député, le canton d’Inongo – » sa queue nous perdra « , soupirent ses proches – et ses adversaires du parti Froid (Front Radical de l’Opposition Intègre et Démocratique) profitent de toutes les failles pour gagner de futurs électeurs.
C’est un petit Blanc fringuant, Philippe Leclerc ( » le clair « ), qui débarque de Paris pour reprendre en main le vieil éléphant et sa campagne électorale qui part à vau-l’eau. Le jeune conseiller en communication supporte mal la chaleur, le bruit, la foule – » ici tout est poisseux : l’air qu’on respire, les gens qu’on touche « , dit-il – et, de surcroît, tombe amoureux de la superbe fille d’Alevina qui passe son temps à affronter son père, de préférence par journaux interposés.
Premier long-métrage de Henri Joseph Koumba Bididi et coproduction gabonaise, camerounaise et française, Les couilles de l’éléphant, est une réussite. Le rythme est enlevé et les dialogues ciselés. On ne sait plus si c’est la politique qui est le moteur du sexe ou le sexe qui est celui de la politique… L’important, de toute façon, comme le dit Alevina, est » de gagner l’érection, heu, l’élection « .
Les couilles de l’éléphant de Henri Joseph Koumba Bididi, sortie française le 13 février 2002.