A l’heure de la rentrée audiovisuelle, Sébastien Folin, l’un des rares animateurs noirs du paysage audiovisuel français, confit à Afrik ses sentiments sur la politique des quotas et sur la discrimination positive. Le présentateur météo réunionnais, également animateur de l’émission Vidéo gag sur TF1, prône avant une valeur fondamentale pour réussir professionnellement : le travail.
Romaric Atchourou
Le travail, le travail et encore le travail. Ce sont les conseils que donne Sébastien Folin aux jeunes pour percer dans le milieu de l’audiovisuel. Pour Monsieur météo de TFI, qui présente également l’émission Vidéo gag sur la même chaîne, il faut être avant tout compétent pour saisir des opportunités. Le jeune Réunionnais se refuse à une simple politique de quotas pour assurer une meilleure représentativité des minorités visibles à l’antenne.
Afrik : Sébastien Folin, avec la météo sur TF1, vous présentez également Vidéo Gag sur la même chaîne, une montée en puissance ?
Sébastien Folin : Une montée en puissance ? C’est vous qui le dites. Je présente la météo depuis trois ans. Et je pense donner satisfaction à mon employeur TF1. Ils voient mon professionnalisme et ma rigueur. Quand ils m’ont proposé Vidéo Gag, c’est avec joie que j’ai accepté. Je ne me pose pas de question, je m’éclate dans ce que je fais et c’est l’essentiel. J’ai également fait des remplacements à RTL. La radio est un exercice que je maîtrise encore.
Afrik : Apparemment votre professionnalisme paie. Que répondez-vous à ceux qui pensent que avez bénéficié de la discrimination positive ?
Sébastien Folin : Soyons claire, à la mort d’Alain Gillot Pétré, TF1 cherchait un présentateur météo de couleur. Ils ont vu mes différentes prestations sur des chaînes à la Réunion. Ils m’ont sollicité pour faire un test. Si je n’avais pas fait l’affaire, ils ne m’auraient pas gardé. Ma place à TF1, je la dois à mon sérieux et à mon professionnalisme.
Afrik : Etes-vous pour une politique des quotas ?
Sébastien Folin : Vous posez là la question de la représentativité des minorités. Je suis pour que les médias, en l’occurrence la télé et la radio, ressemblent à la société. Mais le recours au quota me paraît simpliste. Au-delà de la couleur ou des critères physiques, ce qu’il faut c’est la compétence, le savoir-faire. Mais c’est vrai que les choses ne sont pas si évidentes, et qu’à compétences égales, on ne pense pas systématiquement à embaucher un black ou un beur ou même un asiatique.
Afrik : La question de la représentativité des minorités c’est aussi celle de l’intégration des immigrés non ?
Sébastien Folin : Moi, ça me fait toujours marrer quand on me cite comme symbole d’intégration. Je n’ai pas à m’intégrer. Je suis Réunionnais, français depuis plus de quatre cents ans. Les gens font trop d’amalgames. Pour revenir à la question de ‘intégration, il faut que la société française dans sa totalité apprenne l’acceptation de l’autre. Ces problématiques d’intégration ne vont pas sans celles du racisme. L’intégration commencera véritablement quand les immigrés se sentiront acceptés d’une part et d’autres parts, quand les immigrés s’adapteront à la société d’accueil (…) La haine, les frustrations développent le repli sur soi. Il ne faut plutôt pas aller dans cette direction.
Afrik : Si vous aviez un conseil à donner aux jeunes qui veulent embrasser la carrière audiovisuelle.
Sébastien Folin : Là ou ailleurs, tout ce qu’on fait, il faut le faire par passion, par plaisir et par amour du travail. Travailler, travailler, travailler. Après, il faut savoir saisir sa chance.