
La poésie est ma religion
J’ai beau chasser la poésie
Elle revient au galop
Elle est ma nature
Ma langue première
Mon art originel
Ma gloire et ma perdition
Elle est ma religion
Ma religion du doute
Plutôt que de la croyance aveugle
Ma religion de la désobéissance
Plutôt que de l’allégeance
Elle reconnaît les affres de l’enfer
Plutôt que les félicités du paradis
Entre, entre poésie
Ma maison t’est toujours ouverte
Fais comme chez toi
Et s’il te manque
La moindre chose
N’hésite pas à demander
Abdellatif Laâbi, La Poésie est invisible, éditions Le Castor Astra, 2022.
La terrasse des poètes
La douce rhapsode fille d’Apollinaire
Blasonne sa romance aux couleurs du Verseau
Le penseur aveugle Socrate débonnaire
Porte sa clairvoyance au bout de son paisseau
L’amante en silence couve son partenaire
Lecteur impénitent de Montaigne et Rousseau
Paisible explorateur de tant d’imaginaires
L’art est sa bannière le livre son vaisseau
Mais qu’attend l’élégante ourlée de saponaires
L’intelligence aux nues les pieds dans le ruisseau
L’incroyable chef-d’œuvre aux reflets sublunaires
Ou sous plis de son sac l’introuvable trousseau
Mustapha Saha, Le Calligraphe des sables, éditions Orion, 2021.