La zone d’influence en Afrique de l’Est de la diplomatie américaine semble en proie à des tensions internes paradoxales : on assiste d’abord au déchirement entre les frères d’hier, Museveni et Kagamé, Ouganda et Rwanda, qui, main dans la main, sont intervenus au Zaïre pour aider Kabila père à en faire cette république autoproclamée démocratique du Congo qui n’a encore connu, plusieurs années après sa création, aucune espèce d’élections libres.
Au sein même de l’Ouganda, les élections présidentielles qui se sont tenues cette semaine ont été le théâtre d’un autre affrontement fratricide : en refusant démocratiquement le pluralisme lors du scrutin de juillet 2000, les Ougandais avaient déjà montré un curieux exemple… Les tendances contradictoires apparues au sein du Mouvement de Yoweri Museveni, proposant une alternative à sa reconduction à la tête du pays, dénoncent maintenant une manipulation des électeurs et leur intimidation par les sbires du Président…
Image contrastée d’une Afrique de l’Est anglophone qui se voudrait exemplaire, mais qui continue de pratiquer Machiavel avant Montesquieu, la stratégie d’auto-affirmation du « Prince » avant la doctrine de la séparation des pouvoirs… Jetant ainsi un voile d’ombre sur la lumineuse pax americana au nom de laquelle ces mêmes pays voulaient réorganiser le coeur de l’Afrique… A croire que le projet, s’il fût jamais sincère, n’était pas durablement soutenu par les Etats-Unis, comme souvent malhabiles à saisir, au-delà du court terme, la complexité de l’Afrique.