L’Accord global et inclusif fête ce mercredi sa première bougie. La signature du texte avait débouché sur la formation, en République Démocratique du Congo, d’un gouvernement d’union nationale, chargé de restaurer la paix et de reconstruire le pays. Les Congolais sont plutôt satisfaits du travail accompli par le Président, bien que certains problèmes sont encore loin d’être résolus. Bilan.
Joseph Kabila a fait du bon boulot. C’est en substance ce que pensent les Congolais de leur Président, un an après la signature à Pretoria ( Afrique du Sud) de l’Accord global et inclusif entre le gouvernement, l’opposition et principales factions rebelles. Le texte, accouché dans la douleur le 17 décembre 2002, détermine la marche à suivre pour pacifier, réunifier et reconstruire la République Démocratique du Congo, déchirée par cinq années de guerre. Si les progrès en matière de gestion politique sont indéniables, beaucoup reste à faire sur le terrain, et notamment à l’Est du pays, où des combats se poursuivent de façon sporadique.
Le fils mieux que le père
Lors de sa prise de fonction le 26 janvier 2001, Joseph Kabila s’était engagé à rétablir la paix. Quitte à transiger avec ses détracteurs. Apparemment, ses efforts convainquent ses citoyens. « A l’époque de l’ancien Président Laurent-Désiré Kabila (père de l’actuel chef de l’Etat, assassiné en janvier 2001, ndlr), rien ne marchait, explique Jacques, 39 ans. Mais Joseph Kabila, lui, s’est réellement investi pour que le pays retrouve la paix. Pour cela, il a réuni toutes les parties autour de la table des négociations et a signé les accords nécessaires. Il n’est pas là que pour le pouvoir. » Certains sont tellement satisfaits qu’ils le verraient même partager un Prix Nobel de la Paix avec son homologue sud-africain Thabo Mbeki, qui s’est beaucoup impliqué dans la médiation des conflits dans la région des Grands Lacs.
Le Général-major Kabila ne limite pas son action à la sphère politique. Il s’emploie à donner un second souffle à l’économie, minée par les années de combats et la fuite d’investissements qui en a découlé. Rassurés par le calme relatif, l’Afrique du Sud, la Belgique ou encore la France commencent à envoyer des fonds vers Kinshasa. La France, où, selon l’agence Panapress, s’est rendu ce mercredi Jean-Pierre Bemba. Le vice-président doit assister au forum des investisseurs en RDC. L’occasion de convaincre les porteurs d’affaires potentiels que le pays est plus sûr.
Peut mieux faire
Après la signature de l’Accord, Mustapha Niasse, médiateur des Nations Unies déclarait : « Les fleurs de la paix vont bientôt parfumer le superbe Congo ». Quelques jours plus tard, la fragilité du texte se faisait déjà sentir. Des accrochages éclatent dans le nord-est et le sud du pays, obligeant des dizaines de milliers de Congolais à fuir leurs habitations. Un cas de figure qui se répétera plusieurs fois les mois suivants. Un an plus tard, le chemin de la paix est encore parsemé d’embûches. Les combats reprennent de façon épisodique en Ituri (nord-est), où les organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme dénoncent périodiquement des massacres de civils.
Toutefois, « les exactions sont moins fréquentes depuis que le Conseil de sécurité des Nations Unies a augmenté l’effectif de sa mission de maintien de l’ordre en RDC (Monuc, ndlr) et leur a fourni plus de moyens matériels, reconnaît-t-on à l’antenne française d’Amnesty International. Ils sont plus simplement observateurs, mais acteurs. Mais leur déploiement dans d’autres régions, notamment dans la province instable du Kivu (Est, ndlr), est également souhaitable. » Les troubles seraient l’œuvre de groupuscules de rebelles qui ne font pas partie du gouvernement de réconciliation. Mais le gouvernement et les ex-rebelles sont soupçonnés de ne pas être blancs comme neige.
Les Congolais semblent plutôt compréhensifs quant aux problèmes qui ont émaillé ces douze mois de transition politique. « En un an, on ne peut pas tout faire », explique simplement Jacques. D’ici 2004, ils seront peut-être devenus plus exigeants. La sanction se traduira par le verdict des urnes : ils seront appelés à élire librement, pour la première fois depuis l’indépendance, en 1960, leurs représentants. Raison de plus pour que le pouvoir mette les bouchées doubles.