La paix ivoirienne menacée par les troubles au Liberia ?


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Drapeau du Liberia
Drapeau du Liberia

Des sources confidentielles citées lundi par le quotidien américain Washington Post affirment que la reprise des combats dans le comté frontalier de Lofa pourraient déstabiliser la Côte d’Ivoire voisine, traditionnel îlot de stabilité régional. La main du général Gueï est évoquée.

« Des sources parmi les services secrets occidentaux et les travailleurs humanitaires » présents en Côte d’Ivoire et au Liberia affirment que le regain des violences dans le plus ancien Etat indépendant d’Afrique de l’Ouest pourraient créer « une situation extrêmement dangereuse » et contaminer la précaire paix ivoirienne, rapporte lundi matin le quotidien américain « Washington Post », généralement très bien informé.

Déstabilisation programmée

Douglas Farah, le reporter du Post, est allé sur place – du côté ivoirien puisque les journalistes sont interdits à Lofa – et a recueilli des « douzaines d’interviews » de réfugiés, qui attestent tous de la violence croissante des affrontements dans le comté de Lofa, mais aussi des attaques subies par les populations civiles et des recrutements forcés, tant de la part des troupes loyalistes du président Charles Taylor que des rebelles. L’ONG Amnesty International évoquait, dès mercredi dernier, « des détentions arbitraires, tortures et viols ». Elle s’est attirée une réponse détonante du ministre libérien de l’Information, Reginald Goodridge, selon qui l’auteur du rapport d’Amnesty était « un agent à la solde des détracteurs du Liberia ».

La main de Taylor

Des témoignages rapportent que des armes sont convoyées au Liberia depuis une région largement sous le contrôle du général Gueï. De nombreux témoins attesteraient par ailleurs de la présence de part et d’autre de la frontière de Sam Bockarie, un officier supérieur sierra-léonais opérant des achats et des transports d’armes pour le compte de Monrovia. Un agent secret européen disposerait « d’informations crédibles » selon lesquelles Bockarie a été en contact avec Gueï. Mais, interrogé par téléphone par le Washington Post, l’entourage du général Gueï a nié les transports d’armes et refusé de répondre à toute autre question.

À Abidjan, le gouvernement a dit au Post ne pas avoir d’informations sur d’éventuels trafics d’armes dans la zone, tout en reconnaissant que le fait que Gueï contrôle la région était un problème.

Seule certitude : les relations politiques entre la Côte d’Ivoire et Charles Taylor sont complexes. Tout indique que le président libérien entend ne se brouiller avec personne sur l’échiquier ivoirien, au risque de déstabiliser son puissant voisin comme il l’a fait, en leur temps, pour le Sierra Leone et la Guinée.

Charles Taylor n’a-t-il pas été le premier visiteur de marque du président Gbagbo à peine élu ? Et à la veille de Noël 1989, c’est de Côte d’Ivoire que Charles Taylor était parti à la conquête du pouvoir dans son pays. Il était alors soutenu par le pouvoir d’Abidjan.

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