Le forcing diplomatique de Nelson Mandela au Burundi commence à porter ses fruits. Le président Pierre Buyoya installe ce jeudi son gouvernement composé équitablement de Hutus et de Tutsis. La guerre civile a fait 250 000 morts en huit ans.
Application des accords d’Arusha. L’ancien président sud-africain et prix Nobel de la paix, Nelson Mandela, doit être content. L’artisan des accords d’Arusha (Tanzanie) voit enfin ses efforts se concrétiser. Le président burundais Pierre Buyoya a installé ce jeudi le nouveau gouvernement d’union nationale. Les 26 ministres du gouvernement de transition, nommés mardi dernier par décret présidentiel, sont issus équitablement des ethnies hutue et tutsie, conformément aux accords d’Arusha signés en août 2000. Le président Pierre Buyoya assurera la présidence pendant 18 mois avant de céder sa place à Domitien Ndayizeye, secrétaire général du principal parti hutu.
L’armée sud-africaine à Bujumbura
Près de 500 militaires sud-africains sont arrivés dans la capitale burundaise pour assurer la protection des hommes politiques, à la demande de l’opposition. D’autres contingents sont attendus prochainement. L’effectif total sera de près de mille soldats. Leur principale mission est de protéger les Burundais de retour d’exil. Certaines factions extrémistes commencent à appeler à se battre contre « les forces d’occupation ». Le général commandant les troupes sud-africaines leur lance une mise en garde. « Si quelqu’un nous attaque, il doit savoir que nous nous défendrons ».
La guerre civile a fait 250 000 morts depuis 1993. Les mouvements hutus reprochent aux Tutsis (ethnie minoritaire) de squatter le pouvoir et surtout l’armée. La paix demeure très fragile car les deux principaux mouvements rebelles rejettent les accords d’Arusha. Les Hutus veulent plus de pouvoir et les Tutsis reprochent à Buyoya d’ouvrir en grand les portes des affaires aux Hutus.
Il a fallu toute la ténacité et le tact de Mandela pour arriver à ces accords. Qui demeurent fragiles, les rebelles n’ayant pas déposé ses armes. Pour de nombreux observateurs étrangers, le Burundi joue son avenir. « Le pays peut se stabiliser de nouveau ou, au contraire, sombrer totalement dans l’anarchie », note un diplomate occidental. Un quitte ou double politique.