La nouvelle carte africaine de la Maison-Blanche


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Drapeau des Etats-Unis
Drapeau des Etats-Unis

La diplomatie américaine rompt avec le désintérêt notoire des USA pour le Continent noir. L’administration Clinton mène depuis deux ans une offensive diplomatique sans précédent, fondée sur un soutien à l’Afrique du sud et au Nigeria. (Quatrième partie de notre série  » L’Afrique et l’Amérique « , paraissant chaque vendredi).

Avant Bill Clinton, le déluge. L’Afrique a toujours été considérée comme une quantité négligeable par les USA. A l’exception de Théodore Roosevelt, en 1909, et de Jimmy Carter, en 1978, aucun chef d’Etat américain n’a posé les pieds sur le sol africain au cours de son mandat. Durant toute la guerre froide, les USA ne se sont penchés sur le Continent que pour financer, en Angola par exemple, quelques mouvements anti-communistes ou des programmes d’exploration pétrolière sans envergure par rapport à leurs équivalents au Moyen-orient ou en Amérique latine.

Un marché de 700 millions d’âmes

La décolonisation achevée, la puissance américaine s’est contentée de confier aux anciennes métropoles le rôle de gendarme qu’elle s’adjugeait ailleurs.

Avec deux tournées africaines au cours de son mandat, en mars 1998 et en juillet 2000, Clinton inaugure sinon de nouvelles relations entre l’Afrique et les USA, une nouvelle approche de la diplomatie américaine vis-à-vis de cette partie du monde.

Lorsqu’en 1998 l’hôte de la Maison-Blanche entame un périple dans six pays d’Afrique, celui-ci va marteler que le temps du dédain est terminé : l’Amérique économique considère le marché potentiel de 700 millions d’âmes comme une priorité pour le futur. En visitant l’Afrique du sud post-Apartheid, le Botswana, le Ghana, puis, lors de sa deuxième visite l’été dernier, le nouveau Nigeria démocratique, le président démocrate affirme son soutien aux processus démocratiques en cours.

Autres messages : à Paris d’abord, l’escale de juillet dernier au Sénégal, phare de l’Afrique francophone, n’est pas sans laisser comprendre aux autorités françaises que le temps des chasses gardées est -lui aussi- de l’histoire ancienne. Enfin, les USA soutiendront les régimes faisant bloc contre les  » périls  » islamistes en soutenant l’Ouganda (malgré son rôle dans la guerre en République démocratique du Congo) et les autres pays d’Afrique centrale. Le pentagone, cherchant à faire de la région une clé de voûte d’une nouvelle stratégie de  » containment  » * qui ferait pièce à l’extension du fondamentalisme religieux au Sud du Sahara.

Stabiliser

Cette volonté de stabilisation et sa méthode ont été particulièrement visibles, fin juillet, quand le président américain est venu en personne appuyer le médiateur de paix au Burundi, le Sud africain Nelson Mandela.

L’administration Clinton fonde en effet sa nouvelle politique africaine sur un partenariat étroit avec les deux géants anglophones du continent : l’Afrique du sud et le Nigeria. En favorisant le tandem Abuja-Pretoria, l’administration Clinton espère se concilier les bonnes grâces de ces deux puissances dynamiques et aux marchés intérieurs prometteurs, amenées à jouer un rôle de plus en plus important sur le continent. Depuis la fin de l’Apartheid, les investisseurs américains sont, de loin, ceux qui ont investi le plus en Afrique du sud, en créant sur place pas moins de 250 filiales. En deux ans les USA ont fait passer le volume de leur aide au Nigeria de 7 millions de dollars en 1998 à 109 millions en 2000.

Reste que les nouveaux alliés de la diplomatie américaine ne se laissent pas facilement instrumentaliser : l’Afrique du sud a sèchement décliné une aide des Etats-Unis destinée à lutter contre le Sida et réitéré ses critiques contre l’industrie pharmaceutique américaine qui maintient ses brevets sur les retro viraux. Le Nigeria a durement critiqué la position de Washington sur la dette des pays les plus pauvres. En Tanzanie et au Kenya, les attentats contre les missions diplomatiques des USA les ont rappelé aux vieilles rancunes anti-yankee.

* Containment : doctrine qui visait à endiguer l’expansion communiste aux débuts de la Guerre froide

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