L’Algérie n’arrive toujours pas à digérer les développements dans les relations entre Rabat et Tel-Aviv. C’est du moins l’avis de la chercheuse Isabelle Werenfels de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, qui indique que « la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël a été un choc pour l’Algérie ».
La chercheuse Isabelle Werenfels de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, a tenté de circonscrire la tension existante entre les deux voisins en Afrique du Nord : le Maroc et l’Algérie, avec notamment la nouvelle escalade née de la décision unilatérale d’Alger de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume chérifien. Des relations tellement explosives que même la tentative du Premier ministre marocain, El Othmani, n’a pu réussir à désamorcer.
Une situation jugée quelque peu normale par la chercheuse Isabelle Werenfels qui indique que le rapprochement entre le Maroc et Israël, avec notamment la normalisation de leurs relations, sollicitée par l’ancien Président des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump, qui avait assujetti cette normalisation à une reconnaissance de la souveraineté du royaume sur le Sahara Occidental, a été un coup dur pour l’Algérie.
Pour la chercheuse, à travers sa décision de couper les ponts avec le Maroc « l’Algérie veut montrer qu’elle est de retour sur la scène internationale ». Dans une intervention à Le Monde, Isabelle Werenfels relève que « les sujets de conflit anciens sont toujours en toile de fond, à savoir la question de la souveraineté sur le Sahara Occidental et la rivalité pour le leadership régional. S’y est ajoutée, récemment, la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël ».
« Ça a été un choc pour l’Algérie qui considère que les Israéliens sont désormais à ses frontières. L’affaire Pegasus a également accru la crainte que cette coopération israélo-marocaine se fasse contre l’Algérie… Si l’on veut comprendre pourquoi elle intervient maintenant, il faut aller au-delà de la relation bilatérale entre l’Algérie et le Maroc. Alger veut montrer à la communauté internationale, mais aussi à sa propre population, que le pays est de retour sur la scène internationale après plus d’une décennie d’absence. C’est le signal qui est envoyé », a-t-elle ajouté.
Selon Isabelle Werenfels, par ailleurs Directrice de la Division Proche/Moyen Orient et Afrique de Stiftung Wissenschaft und Pokitik, ce tournant diplomatique est directement lié au retour aux affaires étrangères de Ramtane Lamamra qu’elle considère comme « un diplomate expérimenté qui sait comment communiquer avec l’étranger, comment envoyer des messages… Jusqu’ici, le Maroc était bien meilleur en termes de communication extérieure ».
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