La mue de l’économie rwandaise


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Dix ans après le génocide, le Rwanda tente de redresser son économie, en la diversifiant, afin qu’elle ne soit plus dépendante de son écrasant secteur agricole. Hormis au cours de l’année 2003, le pays est parvenu, depuis 1997, à maintenir un taux de croissance supérieur à 6%. Avec l’apport vital des bailleurs de fonds internationaux.

Au Rwanda, les Tutsis ont été tués parce qu’ils étaient des Tutsis. Mais dans le chapelet de facteurs qui ont conduit au déclenchement du génocide, la crise économique que vivait alors le pays arrive en bonne place. A l’époque, 95% des Rwandais vivaient directement de l’agriculture. Une agriculture vouée à la culture du café (75% des recettes d’exportations), et donc fortement dépendante des conditions climatiques et de la fluctuation des cours mondiaux. La crise économique a touché tous les secteurs d’activité mais elle « s’est faite sentir de manière plus forte sur les revenus du secteur agricole », explique la Commission d’enquête sur le Rwanda du Sénat belge. Et pour cause, entre 1986 et 1992, les cours du café ont enregistré une chute de 75%. Pour beaucoup d’auteurs, poursuit la Commission, le sentiment se serait développé, dans le pays le plus densément peuplé d’Afrique (292 habitants par Km2), « qu’il y avait trop de monde dans un trop petit pays… ».

Six ans après, le ministre des Finances et de la Planification économique, Donald Kaberuka, a expliqué sa stratégie de développement dans un document intitulé « Vision 2020 ». Ce programme, très général, pointe la nécessité de promouvoir l’entreprenariat et le secteur privé et de moderniser l’agriculture. Afin d’atténuer la dépendance vis-à-vis de l’agriculture, il s’agit également pour le Rwanda d’engager une diversification de ses activités. Autre ambition, pour le ministre, développée auprès de l’hebdomadaire français L’Intelligent : « faire passer le revenu par habitant de 300 à 1 000 dollars par an ». Ce qui revient à maintenir « un taux de croissance économique à 7% et une inflation maîtrisée à 2% sur une période de dix ans ».

Un assez bon élève

Depuis 1997, le Rwanda, considéré par les bailleurs de fonds comme un assez bon élève, est parvenu à enregistrer un taux de croissance moyen supérieur à 6%. Mais en 2003, le chiffre est tombé à 3,5% (estimations du ministère). Le taux d’inflation de 1,9% en 2003, a grimpé à 10%. Toujours en cause, le secteur agricole, qui compte pour près de 41% du Produit intérieur brut (PIB) et qui ne parvient toujours pas à nourrir les 8,5 millions de Rwandais. Encore montrée du doigt : la faiblesse des cours mondiaux du café et les « conditions climatiques exécrables ». Des facteurs auxquels Donald Kaberuka ajoute l’organisation coûteuse de nombreux processus électoraux.

Dans ces conditions, la filière de la construction, qui a augmenté de 31% en 2003, a permis de limiter les dégâts et d’absorber une part importante des sans emplois rwandais, selon le ministre des Finances. Mais le but, à long terme, est le développement des activités de service. En 2003, le secteur tertiaire représentait 38% du PIB. Le commerce y tient toujours une place prépondérante, mais les services financiers et les télécommunications poursuivent leur progression. L’ambition du Rwanda, explique Le Monde, serait ainsi de devenir un centre de service régional ». Mais le secteur qui semble le plus tenir à cœur au gouvernement est le développement du tourisme. Sur les 50 millions de dollars rapportés par le secteur des exportations de services, en 2001, celui du tourisme en a rapporté 9. Ce qui est encore trop peu, au vu des attraits du pays aux milles collines, de ses volcans et de ses gorilles. Cependant, les bailleurs de fond internationaux, eux, restent présents. Le flux d’aides extérieures au pays s’est ralenti en 2003, mais il représente toujours la moitié du budget de l’Etat.

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