Alors que le Kenya vit ses élections présidentielles dans un contexte tendu, La Croix revient sur la mosaïque religieuse de ce pays d’Afrique de l’Est.
Le Kenya compte 40 millions d’habitants répartis entre trois religions : le christianisme, l’islam et les religions traditionnelles.
Dans ce pays qui vit sous la hantise d’une résurgence de la crise post-électorale sanglante de 2007-2008 et des attaques récurrentes des chebabs qui sévissent depuis 2008, les religions essaient de coexister de manière pacifique.
Le christianisme
Avec 88,8 % de la population (45 % de protestants, 33,3 % de catholiques), les chrétiens sont largement majoritaires.
La Conférence des évêques catholiques bénéficie d’un certain pouvoir d’influence auprès des autorités politiques et se prononce souvent sur la vie politique.
Le président Uhuru Kenyatta est de confession catholique.
L’article 32 de la Constitution confère au gouvernement un pouvoir accru sur les institutions et groupes religieux, notamment en ce qui concerne leurs financements et leurs règlements intérieurs.
Musulmans
Un Kényan sur dix est musulman mais cette religion est majoritaire sur les côtes. L’islam s’est installé dans le pays depuis le VIIe siècle grâce au commerce. Chez les musulmans kényans, les tribunaux de Kadhi constituent des juridictions subsidiaires pouvant trancher dans les affaires liées au mariage, au divorce ou à l’héritage, à condition que toutes les parties soient musulmanes (article 170 de la Constitution de 2010).
Depuis 2008, le Kenya est la cible d’attaques périodiques des chebabs, groupe terroriste dont la base se trouve en Somalie. Ils ont perpétré plusieurs attaques meurtrières dans le pays. En 2013, une tuerie dans le centre commercial Westgate dans le centre de Nairobi a fait 68 morts. En 2015, ces djihadistes ont attaqué l’université de Garissa (Est), tuant 147 personnes.
La campagne électorale 2017 a été ensanglantée par des attaques attribuées aux chebabs qui ont coûté la vie à quinze personnes.
Liberté religieuse
La liberté religieuse est garantie par la Constitution du 17 août 2010. Les récurrentes attaques des chebabs et les efforts du gouvernement kényan pour lutter contre l’extrémisme religieux ont toutefois entraîné un harcèlement contre les Kényans d’origine somalienne et les musulmans en général.
L’Observatoire pour la liberté religieuse s’est inquiété en 2016 des dérives sécuritaires des autorités kényanes et des persécutions subies par les musulmans : « Selon l’Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) et des groupes internationaux des droits de l’homme », notait-il dans son rapport 2016, « trois importants religieux musulmans radicaux ont été assassinés à Mombasa, soi-disant par des agents de sécurité kényans. Toujours à Mombasa, des mosquées, accusées de radicalisme, ont été fermées et puis rouvertes peu après. »
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L’Observatoire de la liberté religieuse souligne également que « les forces de sécurité kényanes ont été impliquées dans des meurtres et des disparitions de musulmans, y compris d’éminents religieux ». Il ajoute :« Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Haki Afrika, les agences de sécurité kényanes ont tué au moins 21 religieux musulmans dans leur campagne de lutte contre le terrorisme au cours des trois dernières années. »
Par ailleurs, 8,9 % de Kényans pratiquent une religion traditionnelle selon les données fournies par l’Observatoire sur la vie religieuse en 2016.
Lucie Sarr pour urbi&orbi africa