La nouvelle est arrivée vendredi soir, d’abord incertaine, puis confirmée. L’éternel maquisard qui conduisait l’un des mouvements d’opposition armée les plus anciens d’Afrique, Jonas Savimbi, est tombé sous les balles de l’armée régulière angolaise.
Savimbi l’inclassable, à la fois marxiste, protestant, trafiquant, pro-américain, décoré par Ronald Reagan pour sa lutte anti-communiste contre le régime en place à Luanda, qu’il n’avait cessé de dénoncer…
Depuis quelques années, le soutien américain semblait manquer à cette rébellion éternelle, qui entretenait une guerre civile permanente contre le gouvernement Dos Santos : par son rôle déstabilisateur sur le commerce des diamants, par la contagion que ses actions sanglantes risquaient sans arrêt de provoquer sur les pays voisins, par le rapprochement en cours du gouvernement régulier avec le » monde libre » autour d’intérêts pétroliers de mieux en mieux partagés, dix ans après la chute du mur de Berlin et la désintégration du bloc soviétique… L’éternel rebelle dérangeait de plus en plus.
Mort les armes à la main
Le monde a changé : désormais les Etats-Unis choisissent d’installer à Guantanamo les détenus qu’ils ramènent d’Afghanistan et que le leader maximo lui-même n’est plus l’éternel Satan de la diplomatie américaine, lui qui avait fourni à Dos Santos, à la grande époque du conflit angolais, des militaires » barbudos » pour combattre les agents de la CIA déployés aux côtés de Savimbi… Epoque révolue. Savimbi paraissait de plus en plus esseulé dans un combat d’un autre âge.
Le dernier acte s’est donc joué à l’occasion d’un contre-offensive militaire contre les rebelles, et leur chef historique a trouvé la mort les armes à la main. Il s’était toujours refusé à transformer sa lutte armée en lutte politique loyale, trop sûr du bien fondé de son engagement et du soutien populaire qui le portait. Désormais, Luanda appelle à la reddition toutes les troupes qui le suivaient… Tôt ou tard, l’opposition armée va donc se dissoudre. Faudra-t-il que Dos Santos apprenne à vivre avec une opposition politique ? Une autre époque commence pour l’Angola.