Selon des sources gouvernementales françaises, le Président gabonais Omar Bongo est décédé dimanche 7 juin 2009 après 41 ans de pouvoir. Mais le premier ministre gabonais, Jean Eyeghe Ndong, a démenti, lundi, cette information. Epilogue d’une saga africaine.
C’est une figure du continent africain qui se serait éteinte dimanche 7 juin 2009 après 41 ans de pouvoir à la tête du Gabon. Les Gabonais s’attendaient depuis plusieurs semaines à cette nouvelle, et son hospitalisation urgente en Espagne avait fait prendre conscience à beaucoup de la gravité de son état de santé.
Dimanche 7 juin au soir, son décès n’était toujours pas confirmé à Libreville, mais la capitale gabonaise était quadrillée par l’armée, et les partisans du principal leader de l’opposition gabonaise, Pierre Mamboundou, qui appelait au respect de l’ordre constitutionnel, s’étaient déjà massés autour de lui pour le protéger, craignant pour sa sécurité dans les prochaines heures. Lundi matin, le Premier ministre gabonais Jean Eyeghe Ndong déclarait, à Barcelone, qu’Omar Bongo Ondimba était » bien en vie ».
Un politique rusé
A tous ceux qui le rencontraient, le Président gabonais faisait toujours forte impression : subtil, souvent drôle, ne pratiquant pas la langue de bois, mais conservant soigneusement ses secrets, Omar Bongo était un politique madré, fin manoeuvrier, habile à conduire ses opposants dans des impasses, à la fois rusé et autoritaire, séduisant et effrayant à la fois.
Sa longue présence au pouvoir en faisait l’un des patriarches des chefs d’Etat africains, et sa médiation était souvent réclamée dans les conflits d’Afrique centrale. Il avait à la fois l’expérience politique et les leviers internationaux, il savait en jouer pour servir le Gabon et défendre ses intérêts.
Une influence internationale
Son influence, assise sur les ressources pétrolières qui assurent au Gabon, depuis plusieurs décennies de confortables revenus, dépassait largement les frontières de son Etat et il avait su nouer avec les dirigeants politiques français des liens étroits, consolidés par des obligations réciproques…
Le lendemain même de son installation à l’Elysée, Nicolas Sarkozy l’accueillait sur le perron de sa toute nouvelle résidence présidentielle, et il était alors le premier chef d’Etat étranger à en franchir le seuil. Manifestant ainsi que les liens historiques qui l’avaient liés à Jacques Chirac se transféraient tout naturellement à son successeur… Il faut dire que ses liens établis, sous la présidence du Général de Gaulle à l’initiative de Jacques Foccard, ne s’étaient pas détendus sous Georges Pompidou, ni sous Giscard d’Estaing, et n’avaient pas été érodés non plus par les deux septennats de François Mitterrand. Un demi-siècle de raison d’Etat franco-africaine !
Pouvoir de nuisance maximal
Jean-Marie Bockel, éphémère Ministre délégué à la Coopération du premier gouvernement Fillon en fit récemment les frais, après avoir explicitement critiqué la gestion de « certains dirigeants africains, qui ne développent pas leur pays après des décennies de gouvernement… » Formule qui visait implicitement l’occupant du « Palais du bord de mer » de Libreville. Quelques mois plus tard, Jean-Marie Bockel était débarqué, « promu » aux anciens combattants.
Cette longévité politique internationale en faisait en effet une des pierres angulaires de ce que l’on a appelé la « françafrique », dont les opposants dénonçaient régulièrement les « arrangements » plus ou moins visibles… Au point d’engager un certain nombre de procédures judiciaires qui suivaient leur cours, en France notamment… Et défrayaient régulièrement la chronique diplomatico-financière.
Avec la disparition d’Omar Bongo, 73 ans, ce serait toute une époque des relations franco-africaines qui se terminerait. Nul doute que beaucoup de ses amis se rejouiraient qu’il s’éteigne sans avoir l’occasion d’en livrer publiquement les clefs…