Le 2 janvier 2025 constitue une avancée majeure dans les relations entre la Somalie et l’Éthiopie. Aisha Mohammed Mussa, ministre éthiopienne de la Défense, s’est rendue à Mogadiscio pour une visite bilatérale, la première depuis plus d’un an.
Cette rencontre survient après une année de tensions, exacerbées par l’accord controversé entre l’Éthiopie et le Somaliland, la région sécessionniste de la Somalie.
L’ombre du Somaliland : un accord polémique
En janvier 2024, Addis-Abeba avait signé avec le Somaliland un projet de création d’une base navale et d’un port commercial sur le littoral de Berbera. En contrepartie, l’Éthiopie promettait de soutenir la reconnaissance internationale de l’indépendance du Somaliland, autoproclamée en 1991. Cet accord avait provoqué une vive crise diplomatique, Mogadiscio a qualifié l’entente d’atteinte à sa souveraineté.
Une médiation turque pour apaiser les tensions
La rupture entre les deux voisins semblait irréparable jusqu’à l’intervention de la Turquie. Sous son égide, un accord a été signé le 11 décembre 2024 à Ankara. Les deux parties s’engageaient à abandonner leurs différends pour garantir un accès sécurisé de l’Éthiopie à la mer. La visite de la ministre éthiopienne s’inscrit dans cette dynamique de rapprochement.
Des enjeux militaires et stratégiques cruciaux
Au-delà des relations bilatérales, cette visite revêt une importance stratégique. L’Éthiopie déploie environ 10 000 soldats en Somalie pour combattre le groupe terroriste Al Shabaab. Une éventuelle expulsion de ces troupes aurait des conséquences désastreuses sur la lutte contre l’insurrection islamiste. Par ailleurs, la Corne de l’Afrique reste un théâtre d’intérêts divergents, notamment avec l’implication de puissances comme l’Égypte et l’Érythrée.
Une visite aux contours encore flous
Ni Mogadiscio ni Addis-Abeba n’ont détaillé l’agenda précis de cette rencontre. Toutefois, plusieurs observateurs estiment que cette visite pourrait sceller des accords techniques sur les questions maritimes ou militaires. La Somalie espère sans doute réaffirmer sa souveraineté territoriale, tandis que l’Éthiopie cherche à sécuriser ses intérêts économiques et stratégiques.