Une attaque aérienne américaine aurait tué Adan Hashi Ayro, le commandant militaire de la milice islamiste Al Shabab, en Somalie hier. Il était suspecté d’avoir des liens avec l’organisation terroriste Al-Qaïda. L’attaque, confirmée jeudi par le pentagone, a été lancée depuis un vaisseau de l’armée américaine au large de la côte somalienne et avait pour cible une maison dans la ville de Dusamareb.
L’ordre d’ouvrir le feu provenait du commandement central américain à Tampa en Floride, qui avait préalablement localisé Adan Hashi Ayro par des écoutes téléphoniques, des témoignages et des images satellites.
L’attaque a rasé la maison dans laquelle se tenait une réunion de la milice Al Shabab et a sérieusement endommagé les maisons voisines. Au moins 11 personnes ont été tuées dont un autre leader d’Al Shabab, d’après un entretien téléphonique de la presse internationale avec le porte parole d’Al Shabbab quelques heures après l’attaque. Ayro avait déjà été la cible d’une attaque américaine en janvier 2007 dont il s’était sorti avec des légères blessures.
Les liens de la milice islamiste somalienne avec Al-Qaïda
Les images d’Ayro sont rares, âgé d’une trentaine d’années, il était considéré par ses proches comme un soldat plus qu’un homme politique refusant presque toujours les interviews et autres apparitions médiatiques. Pourtant, la milice islamiste dont il dirigeait l’aspect strictement militaire contrôle une bonne partie de la Somalie.
Il est accusé par les services de renseignement américain d’avoir entretenu des liens avec Al-Qaïda ce qui a été nié par d’autres membres de la milice. Les américains soutiennent qu’Ayro aurait été entrainé par l’organisation terroriste de Ben Laden en Afghanistan. L’armée américaine le juge également responsable d’avoir caché et hébergé les membres d’Al-Qaïda responsable des attaques sur les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998.
Dans l’un des rares documents audio où l’on peut entendre sa voix en réponse à l’attaque américaine le visant début 2007, il déclare : « Quels crimes ais je commis contre eux ? Suis-je déjà allé aux Etats-Unis ou en Ethiopie ? Quoiqu’ils [Les américains] fassent et peu importe les missiles qu’ils m’envoient, je suis confiant que je ne mourrai que quand Dieu me jugera. »
Risque accru d’attaques anti-américaines dans la région
Le porte parole d’Al Shabbab a déclaré que cette dernière attaque aurait des conséquences néfastes et rapides sur les intérêts américains dans la région et sur ceux des pays les soutenant, en particulier l’Ethiopie. Alors que certains spécialistes questionnent l’utilité de l’élimination d’Ayro qui va, selon eux, faire plus de mal que de bien en déclenchant de nouvelles hostilités alors qu’il peut être facilement remplacé.
La Somalie n’a pas de gouvernement central depuis la chute, en 1991, du dictateur Mohamed Siad Barre qui déclencha une guerre civile entre différents clans se battant pour le pouvoir.
En 2006, lorsqu’un conflit des plus meurtriers faisait rage entre les deux principales milices du pays, l’Ethiopie est intervenue et a pris le contrôle de la majorité du pays en imposant un gouvernement de transition pour essayer de rétablir l’ordre. Depuis cette invasion, de nombreux groupuscules se sont unis contre l’occupant dont la position devient de plus en plus problématique.
Par Lucas Radicella