Du 8 au 11 novembre, a lieu en Slovénie la quatorzième réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée. Sous la houlette du Plan d’action pour la Méditerranée (PAM), ministres de l’Environnement et experts se penchent sur le présent et l’avenir de cette région si fragile.
De Portoroz,
La pollution en mer Méditerranée est au cœur des échanges qui se tiennent en ce moment à Portoroz, sur la côte slovène. La Slovénie accueille en effet, du 8 au 11 novembre, la quatorzième réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone[[<*>La Convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution (Convention de Barcelone) a été adoptée en 1976 et est entrée en vigueur en 1978. Les Parties contractantes l’ont amendée en 1995 et intitulée Convention pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée. La Convention et ses six Protocoles constituent le dispositif de Barcelone, le cadre juridique du PAM. La Convention est en cours de ratification.]] sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée. Son mot d’ordre : « La mer mérite notre voix ». Des représentants des 21 pays du pourtour méditerranéen ont fait le déplacement pour cette réunion biennale. « A cause de l’augmentation des pressions sur l’environnement marin, la vie marine est de plus en plus en danger. Avec comme conséquence, la dégradation de la qualité de vie dans les régions côtières. Nous sommes conscients que c’est à nous de stopper ces effets négatifs », a rappelé Janez Podobnik, le ministre slovène de l’Environnement, lors de la séance d’ouverture, mardi. « Cette 14e réunion s’est donné une mission spéciale : en adoptant la Stratégie méditerranéenne sur le développement durable, nous ouvrons un nouveau chapitre de la coopération régionale. »
La réunion est organisée par le Plan d’action pour la Méditerranée (PAM), un programme des Nations Unies pour l’environnement, créé en 1975, et qui fête donc ses 30 ans cette année. Le PAM est le résultat d’un effort de coopération régionale qui implique les 21 pays riverains de la mer Méditerranée et l’Union européenne. Son but : relever les défis de la protection de l’environnement marin et côtier tout en encourageant la mise en place de plans régionaux et nationaux visant à un développement durable. Depuis 1975, une série d’instruments juridiques, les Protocoles, ont été élaborés et adoptés.
Mer précieuse et vulnérable
La force du PAM est de réunir tous les pays de la région, qu’ils soient du Nord, de l’Est ou du Sud. Mais sa principale faiblesse est qu’il repose sur une application facultative et ne prévoit ni sanctions ni pénalités pour les Etats qui y contreviennent ou ne respectent pas leurs engagements… Autre problème : les disparités existantes entre les pays du Nord et du Sud. Les faiblesses de certains pays en terme d’infrastructures, de ressources humaines et de moyens ralentissent l’adoption et la mise en pratique des Protocoles.
Pourtant, il est urgent que tous les pays méditerranéens réagissent. Le tableau dressé aujourd’hui par les experts et les scientifiques est plus que sombre. Plages souillées, détritus flottant sur les eaux, nappes d’hydrocarbures ou boules de goudron, rejets de déchets industriels et d’eaux d’égouts… La pollution en mer Méditerranée est une réalité, palpable au quotidien. C’est l’une des régions du monde les plus peuplées, bordée par 120 villes ayant une population totale d’au moins 100 millions d’habitants. Elle est précieuse et chargée d’Histoire mais terriblement vulnérable car elle est pratiquement close. Sa profondeur moyenne est à peine de 1 500 mètres et il faut plus d’un siècle à ses eaux pour se renouveler par le détroit de Gibraltar.
Faune et flore menacées
L’activité humaine exerce une pression énorme sur la Méditerranée avec l’urbanisation du littoral, l’activité industrielle, l’agriculture intensive (qui conduit à des infiltrations provenant des terres cultivées). Sans oublier les ports et la navigation, avec les déchets résultant du transport maritime, tels que le pétrole, et les nombreux déversements opérationnels ou accidentels… « Le littoral de la Méditerranée, sa faune et sa flore sont menacés par un développement touristique incontrôlé ainsi que par la pollution, comme celle provenant d’eaux d’égouts non traitées, du pétrole et des émissions toxiques. La biodiversité est menacée par l’intrusion de nouvelles espèces et le raclage des fonds marins. Dans de nombreux pays, la pêche non réglementée met également la faune en danger », résume Stravros Dimas, Commissaire européen à l’Environnement.
Pour autant, les personnes présentes en Slovénie espèrent bien accroître la coopération sub-régionale et donner corps à la phrase du général de Gaulle, en 1943 : « Un jour viendra où la paix rapprochera depuis le Bosphore jusqu’aux colonnes d’Hercule des peuples à qui mille raisons aussi vieilles que l’Histoire commandent de se regrouper afin de se compléter. »