L’île Maurice est secouée par l’un des plus importants scandales financiers de son histoire. La Mauritius commercial bank est, depuis vendredi, au centre d’une affaire de détournement de fonds de plus de 17 millions d’euros. Le gouvernement et la Banque centrale sont à pied d’oeuvre pour aider à gérer une crise qui risque de secouer toute l’économie nationale.
500 millions de roupies détournés (18 millions d’euros) à la Mauritius commercial bank (MCB). C’est l’un des plus importants scandales financiers que l’île Maurice n’ait jamais connu. Onde de choc dans le pays, le gouvernement et la Banque centrale montent au créneau pour éviter la psychose et faire au plus vite la lumière sur une affaire d’intérêt national.
Les premières malversations datent de 1999. La victime : le Fonds national de pensions (FNP). L’un des plus gros clients de la MCB. C’est le comptable en chef de l’organisme qui, quatre ans plus tard, découvre le pot-aux-roses. Mouvements de capitaux suspects, placements mystérieux, il saisit sa direction qui en réfère à la MCB. La banque joue la carte de la transparence et publie deux jours plus tard un communiqué officiel sur la fraude. Douche froide pour le monde de la finance.
Un ancien dirigeant entendu
L’enquête est ouverte. Elle est confiée à la Commission indépendante contre la corruption (ICAC). La MCB reconnaissait dans un mail interne la complicité » d’un ancien chef inspecteur qui, de surcroît, avait occupé les fonctions de directeur des ressources humaines (DRH) « . Dans le collimateur de l’ICAC : Robert Lesage, ancien DRH de la banque. Son domicile a fait samedi l’objet d’une perquisition. Il a lui-même été entendu à deux reprises par la Commission mais aucune charge n’a jusqu’ici été retenue contre lui.
La confiance des investisseurs et des clients de la Mauritius commercial bank est sévèrement menacée. La banque assure toutefois qu’elle assumera » pleinement ses responsabilités » et annonce que » toutes les mesures possibles seront mises en oeuvre pour la réparation de tout préjudice « . Pour éviter tout phénomène de panique, les dirigeants se montrent rassurants : » La solidité financière de la MCB demeurant largement suffisante, les projets récemment annoncés par la Banque restent d’actualité et seront réalisés en accord avec le calendrier prévisionnel déjà établi. »
Cotation boursière suspendue
Le gouverneur de la Banque centrale et le vice Premier ministre se sont portés au secours de la MCB et multiplient les déclarations pour témoigner de sa bonne santé financière. Des agents de la Banque centrale ont été mandatés pour réaliser un audit complet de la situation et une importante réunion ministérielle, réunissant 4 cabinets et quelques grands acteurs économiques mauriciens, était prévue ce mardi pour discuter des répercussions liées à l’affaire.
Par mesure de prudence, la Mauritius commercial bank a demandé à la bourse de Maurice, la Stock exchange Mauritius limited, d’interrompre la cotation boursière de ses titres. Aucune date n’a encore été avancée pour le retour des actions MCB sur le marché. Une mesure préventive qui rassure néanmoins les milieux boursiers, soucieux de connaître le montant exact des détournements de fonds opérés et la manière dont la banque compte régler le problème. La bourse reste encore relativement calme, mais la situation est critique. A la MCB, alors, de bien gérer sa communication de crise.