Le « oui » tourne autour d’un taux compris entre 80% et 90% à l’issue du référendum de dimanche portant sur les amendements apportés à la Constitution mauritanienne de juillet 1991. Selon des chiffres officiels provisoires communiqués par l’administration, le taux de participation, considéré également comme très élevé, est estimé globalement à 70%.
Ce vote massif des Mauritaniens en faveur des amendements constitutionnels prend des allures de « plébiscite » en faveur du coup d’Etat militaire du 3 août 2005 opéré par le colonel Ely Ould Mohamed Vall à la tête d’une junte composée de 17 officiers supérieurs.
Ces amendements à la Loi fondamentale soumis à l’approbation des électeurs mauritaniens ramènent le mandat du président de la République de six à cinq ans et garantissent l’alternance toutes les dix années en limitant à deux le nombre des mandats présidentiels.
Les nouvelles dispositions rendent également incompatibles les fonctions de président de la République et de chef de parti politique pour écarter les risques d’existence de parti-Etat.
Un verrouillage institutionnel rend impossible la modification de ces dispositions sur la base de la simple volonté des futurs dirigeants par l’intermédiaire du Parlement à venir.
Ce scrutin, premier acte sur le chemin du retour de la Mauritanie vers un ordre constitutionnel normal, est considéré comme une importante « avancée » de la démocratie par les observateurs sur place.
Le passif de l’ancien régime reste oublié
L’écrasante majorité des 34 partis politiques du pays et la Société civile a appelé à voter « oui » à l’occasion de cette consultation référendaire.
Quelques formations politiques ont cependant prôné le boycott, estimant que la nouvelle Constitution a figé dans le marbre l’arabité exclusive de la Mauritanie en faisant l’impasse sur la question de la cohabitation communautaire, le passif humanitaire hérité du régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya (retour organisé des déportés et problèmes des exécutions extrajudiciaires au sein de l’armée en 1990-1991), la question de l’esclavage ou ses séquelles…
Certains partis politiques déplorent également les pouvoirs excessifs du président de la République qui en font, selon eux, « un despote constitutionnel ».
Ce référendum sera suivi d’élections municipales et législatives en novembre 2006, de Sénatoriales en janvier 2007 et d’une élection présidentielle en mars 2007.
Les membres de la junte militaire et du gouvernement de transition sont disqualifiés de toute candidature par une loi adoptée en août2005.
Après le vote de dimanche, le colonel Ely Ould Mohamed Vall a réaffirmé sa volonté de faire en sorte que tous les engagements pour le retour du pouvoir aux civils soient « scrupuleusement respectés ».