La transmission de la peste au centre du pays est désormais mieux comprise. En cause : une variété de puce qui prolifère en altitude.
La peste, maladie révolue ? Que nenni ! La terrible faucheuse d’âmes du Moyen-Âge fait mieux que se maintenir dans quelques points du globe. A Madagascar, elle connaît une recrudescence dans l’intérieur du pays depuis le début des années 80.
Pour mieux combattre ce fléau qui touche des centaines de Malgaches par an, et plombe les finances de l’Etat, le ministère de la Santé malgache, l’Institut Pasteur de Madagascar et l’Institut de Recherche et de Développement (IRD), ont étudié les vecteurs de transmission du rat vers l’homme. Les résultats obtenus mettent en évidence les liens entre les « variations annuelles d’abondance des rats et de leurs puces » et les pics saisonniers de développement du mal chez l’homme.
Sur les hauts plateaux de la Grande Île, la « saison pesteuse s’étend d’octobre à avril, explique le chercheur de l’IRD, Jean-Marc Duplantier. Durant la période froide – de mai à septembre-, les températures peuvent descendre en dessous de zéro. Les populations de rats noirs baissent ». Paradoxe ? C’est alors que les rongeurs se font plus rares et que le vecteur de transmission de l’animal à l’homme, la puce de type X cheopis, est quasiment absente du fait de sa faible acclimatation à l’altitude et au froid, que les pics d’épidémie humaine sont enregistrés.
Paradoxe ? Non. Car une seconde variété de puce, de type S fonquerniei, elle aussi vecteur de la peste, s’acclimate si bien aux hauts plateaux qu’à défaut de rats noirs elle ira parasiter d’autres mammifères, dont l’homme, maintenant les foyers d’infection dans les communes rurales de plus de 800 mètres d’altitude.
Foyers circonscrits
Voilà pourquoi « il ne faut surtout pas dératiser durant cette période », explique le chercheur. Une bonne nouvelle. La fonquerniei étant absente en dessous de 800 mètres, les risques d’extension de la peste sur les territoires restent très faibles. Seule exception : les foyers portuaires où sévit sa cousine, la X cheopis, continuent d’être touchés par la peste en raison de l’abondance des rats et des musaraignes.
Près de trois cents cas sont diagnostiqués chaque année à Madagascar. Des chiffres certainement sous-estimés en raison de la lenteur du processus de déclaration de la maladie auprès des autorités sanitaires.
La maladie se guérit très bien, grâce à l’administration d’antibiotiques tels que la streptomycine. Encore faut-il que le sujet soit traité à temps. La mauvaise qualité des voies de communication explique que la peste tue encore, quelques 60 années après la grande épidémie de la décennie 1920, qui avait fait des milliers de victimes.