Le ministère camerounais du tourisme, à travers la création récente d’un Comité de suivi et de facilitation de « World Dream », un programme « culturel » nébuleux, dans le meilleur des cas, n’est-il pas en train de « faciliter » l’émergence d’une entreprise nationale d’arnaque ? Cela inquiète d’autant plus que la télévision publique, notre CRTV, à travers une émission de l’excellent Joseph Emmanuel Ba’ana (Demain L’Actu), a donné il y a quelques jours une tribune, et par suite une sorte de consécration officielle, à une entreprise qui se caractérise surtout par son flou artistique et son amateurisme, seules marques de fabrique qu’on lui connaisse à ce jour.
Après FAMM Cameroun et PNEAAD-PID, il y a comme une odeur de soufre qui empeste l’environnement d’Impex Trading, la société dont l’objet social va du négoce, au pétrole, en passant par l’immobilier, l’intermédiation financière, l’import-export, et le financement de tout projet pouvant s’évaluer en milliards d’euros. Impex Trading, c’est tout cela et plus encore, une société qui fait dans tout, une espèce de bricoleur industriel qui claironne depuis sa création avoir signé un précontrat avec EMINEM, le rappeur américain, toujours attendu au Cameroun.
En réalité Impex Trading est la première société au monde dont l’objet social soit si généreux, volontaire, on dirait une association philanthropique : il vise en effet « la création de plus d’emplois (diminution du taux de chaumage). Favoriser les échanges entre le Cameroun et les plates formes financières tels que Hong Kong, Genève, le Brésil, les Emirates Arabe Unis etc. En effet Impex a pour principale objectif le développement de l’Afrique en général et du Cameroun en particulier à travers la création d’infrastructure, avec pour corollaire la recherche du bien être de la population camerounaises. » (sic)
Quand la poudre aux yeux met la puce à l’oreille
Faut-il avoir fait l’IRIC pour réaliser que la propre présentation qu’Impex Trading fait de son entreprise est louche ? Faut-il être grand clerc pour subodorer que ce sont les PME en quête de « marchés » ou de contrats juteux qui risquent d’être les principaux « pigeons » de cette société ? Voici comment, fautes et incohérences incluses, peut se lire dans leur site internet (des recherches sur le nom de domaine révèle une base suisse) l’énoncé de leurs activités.
Activités en cours :
Accord de financement avec l’Etat du « Camroun » (sic)
Financement de 1500 logements au plateau de l’EPC Djoungolo
Financement de 1500 logements à la Cité de la « Nativié » (sic) à Mimboman
Programme « Cameroun habitat » (financement de 120 000 logements en partenariat avec l’Etat du Cameroun)
Programme « OCAMPE ASSURE » (localisation par GPS de tout le materiel roulant au Cameroun).
Projets réalisés :
Les conventions signées : Voir pièce jointe
Les Projets en étude : Voir pièce jointe
Les projets en cours de réalisation : Voir pièce jointe
En somme, à Impex Trading, des projets en cours de réalisation et des « grandes réalisations » en attente de la pose de la dernière pierre sont chez eux en cours d’étude! Tout est en cours de réalisation, rien n’est vérifiable. Pourtant, il est créé au sein du MINTOUR, un comité de suivi chapeauté par le Secrétaire Général, flanqué de tout ce que l’on compte d’inspecteurs techniques dans le ministère de Bello Bouba Maigari… Elle est très grosse, l’anguille sous la roche. Qui a bien pu embarquer le Mintour et près de dix autres départements ministériels (cf. tableau ci-dessus), Demain L’Actu (diffusion et rediffusion), et l’Eglise presbytérienne, dans cette galère ?
Le ministère du tourisme veut-il promouvoir la feymania comme étant une valeur et une richesse nationales ? Je souhaite que le document que j’ai vu et tenu entre mes mains soit un faux ; mais si j’ai vaincu la tentation de la réserve, à laquelle ne me contraignaient aucun intérêt ni lien contractuel ou moral, c’est parce que j’ai su me convaincre qu’on ne peut pas passer à la télévision nationale et invoquer un arrêté qu’on aurait soi-même bidonné sans que personne dans le gouvernement ne prenne la peine de rétablir la vérité.
En tout état de cause, je n’ignore pas que je me place sous le coup d’accusations pénales voire un procès en diffamation publique, mais le faisceau de données premières que j’ai recueillies malgré moi est suffisamment lourd pour que le plus humble des Camerounais, à l’analyse, conclue que l’on ne peut pas avoir changé trois fois de siège social en deux années d’existence, on ne peut pas avoir mis en circulation des tickets de tombola annonçant la venue d’Eminem qui n’est jamais venu, on ne peut pas se prévaloir d’un précontrat qui n’est jamais échu, on ne peut pas présenter si peu de garanties de professionnalisme et de bonne foi, on ne peut pas réunir autant de lacunes et être sérieux le moins du monde. Il ne s’agit pas de dénigrement, mais d’alerte citoyenne, d’appel à la vigilance, de faits qu’il est loisible à tout un chacun de vérifier.
Cette sombre arnaque, si elle est avérée, est mal ficelée, il a fallu à ses promoteurs un peu de courage et un peu d’argent, mais on a presque envie de les encourager. Parce que l’on se demande ce qu’il a fallu de légèreté et de négligence au niveau de l’Etat pour que de telles manœuvres d’escroquerie puissent prospérer à ciel ouvert.